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Gestion de crise, maintien et consolidation de la paix
Thierry Tardy Bruxelles, De Boeck, 2009, 280 p.
L’ouvrage s’ouvre sur deux chapitres théoriques en vue de définir ce qu’est une crise et la gestion de crise. Cette dernière « se comprend comme une activité opérationnelle, c’est-à-dire impliquant le déploiement de moyens humains, civils ou militaires, généralement réunis au sein d’une entité appelée mission ou opération, et pour une période limitée dans le temps » (p. 24). Plusieurs éléments sont ici clés : le déploiement de capacités – traitant de la question du financement et de l’engagement politique des acteurs –, l’approche intégrée – un terme à la mode pour désigner la coopération civilo-militaire – et le mandat, duquel découle souvent la légitimité de la mission. Ces trois thèmes sont systématiquement étudiés dans chacun des chapitres consacrés à l’ONU, l’OSCE, l’OTAN, l’Union africaine et l’Union européenne. En outre, deux chapitres sont dédiés à l’émergence d’acteurs non étatiques dans la gestion de crise que sont les ONG et les entreprises privées de sécurité.
Thierry Tardy tire un bilan plus que mitigé sur l’actuelle gestion de crise. Les années 1990 ont été marquées par une fanfare d’opérations bénéficiant souvent d’un grand soutien politique. Cette époque semble être révolue, ce que l’auteur justifie par deux évolutions.
D’une part, l’absence de stratégie au niveau global a obscurci les objectifs de ces missions. Il y a aujourd’hui un panel de menaces grandissant sur lesquelles divergent parfois les définitions et les réponses à y apporter. Ce facteur est capital en raison de l’aspect multinational des opérations.
D’autre part, l’euphorie humanitariste des années 1990 a laissé place à des calculs plus pragmatiques imposés par des budgets de défense sévèrement amputés, des capacités forcément manquantes et une réticence à apporter un soutien politique résolu à ces missions. L’ouvrage relève donc un paradoxe troublant : la demande de déploiement de personnel civil et/ou militaire n’a jamais été aussi forte, mais en même temps, les obstacles à de telles opérations n’ont jamais été aussi importants.
On pourra reprocher à Thierry Tardy de ne pas avoir été plus aventureux dans le choix des organisations. En effet, il aurait été intéressant qu’il se penche sur celles qui ont, ou pourraient avoir, vocation à développer ce type de forces, telle l’Organisation du traité de sécurité collective. Par ailleurs, une question reste en suspens quant au rôle de l’ONU qui est en principe au cœur de ces opérations. A-t-elle aujourd’hui les moyens de gérer la coordination entre les différents organismes régionaux comme elle cherche à le faire ?