Géopolitique du terrorisme
Rémi Baudouï Paris, Armand Colin, 119 p.
Publié dans la collection universitaire de poche, l’ouvrage de Rémi Baudouï offre à tous ceux qui recherchent des pistes de réflexions relatives à la géopolitique du terrorisme, un « résumé » des différents courants de pensées qui mènent à une compréhension de la violence terroriste et du territoire.
Avant d’aborder la « géopolitique DU terrorisme », l’auteur s’attarde dans la première partie de l’ouvrage sur la notion de « Géopolitique ET terrorisme ». Partant sur la base de la géopolitique de l’anomie, perçue comme un état d’affaiblissement des systèmes politiques, sociaux et culturels, Rémi Baudouï aboutit à la notion de la géopolitique du terrorisme. La notion de violence, dépendante du territoire est fortement prise en compte, notamment par une « reterritorialisation des sentiments et des haines communautaires » (p. 32).
Mais l’auteur n’approfondit pas la notion de géopolitique de l’anomie et de l’ambiguïté de son application au terrorisme islamiste. En effet, ces derniers définissent également leur notion géographique en termes de « Dar Al Harb » (maison de la guerre), qu’ils cherchent à appliquer à un État souverain comme la France ou l’Allemagne.
Dans la deuxième partie de l’ouvrage, sont abordés les outils et méthodes de la géopolitique du terrorisme. Ces thèmes reviennent au-devant de la scène puisque « la violence terroriste [qui] fut rangée dans la catégorie des troubles internes de la souveraineté nationale » (p. 37) n’était pas prise en compte par la géopolitique. Les exemples de plusieurs organisations révolutionnaires armées sont abordées (FARC, FLN…) via la structure territorialisée, qui obéit à une structuration verticale (par profession) et à une structuration horizontale (ville, secteur, colline etc.) Pour l’auteur, le terrorisme contemporain est marqué par la double réflexion stratégique du territoire et du réseau à l’exception du modèle palestinien qui privilégiait le territoire sur le réseau.
La troisième et dernière partie du livre aborde les stratégies territoriales du terrorisme, notamment les territoires d’Al-Qaïda et des FARC. Si l’importance du territoire pour la lutte armée a depuis longtemps été prouvée pour les FARC, la notion de « cyber terrorisme » et de « cyber jihad » sont prises en compte pour le cas d’Al-Qaïda. En partant de l’analyse des réseaux sociaux du jihadisme, on bascule sur l’étude des réseaux de communication virtuelle. La base de données informatiques (Al-Qaïda Al Ma’lûmat) dépend également de la base matérielle (Al-Qaïda Al-Sulba) pour Al-Qaïda. Mais là encore, l’on pourrait s’interroger sur la réflexion stratégique du territoire et du réseau et de son application à Al-Qaïda. La dimension virtuelle est certes essentielle, mais il convient de s’attarder sur les tentatives symboliques (?) de création d’un État islamique par les islamistes, (Irak, Afghanistan) avec ses frontières, ses symboles…