Gaza. Au cur de la tragédie
Yves Bonnet et Albert Farhat Boulogne, Timée-Editions, 2009, 236 p.
Le 27 décembre 2008, Israël lançait l’opération « Plomb durci » à Gaza. Une opération de 22 jours qui finira, après maintes négociations, la veille de l’investiture de Barack Obama à la présidence américaine. Une intervention militaire dure, dont tous les détails ne seront jamais connus à cause du blackout médiatique imposé par l’Etat hébreu sur la zone. Les conflits dans lesquels Israël est impliqué sont systématiquement sujets à d’innombrables controverses, mais les mesures prises par Tel-Aviv et la violence des opérations assurent que celui-ci restera longtemps l’objet de débats.
L’ouvrage d’Yves Bonnet et d’Albert Farhat se veut aussi exhaustif que possible en consacrant un chapitre à chaque thème : la chronologie, les acteurs impliqués, leurs positions, les acteurs internationaux, etc. En ce sens, Gaza. Au cœur de la tragédie permet de remettre les morceaux du puzzle dans l’ordre et d’avoir une compréhension des enjeux plus globale. Du moins là se trouve l’ambition de l’ouvrage. L’opération a commencé par une semaine de bombardements lourds sur la Bande. Le 3 janvier, 9 000 fantassins rentrent en territoire palestinien appuyés par des raids aériens. Jusqu’au 19 janvier, les forces armées israéliennes vont quadriller le territoire sur terre et depuis les airs. Seul un cessez-le-feu unilatéral israélien puis la pression internationale pour que Tel-Aviv annonce un retrait vont mettre fin au conflit. Au lendemain des affrontements, on compte 1 245 Palestiniens morts et plus de 5 000 blessés selon les estimations sur place.
Certains chapitres de cet ouvrage permettent ainsi de mieux appréhender l’environnement politique dans lequel s’est déroulé le conflit. Pour le lecteur qui n’aura pas suivi l’actualité au jour le jour avec des informations provenant de sources palestiniennes et israéliennes, ces pages seront utiles. De même, les auteurs s’efforcent de rapporter des témoignages des Gazaouïs, de soldats israéliens et d’humanitaires qui ont directement pris part aux événements. Ils permettent de mieux éclairer certains points et de donner à des faits un côté plus humain sans tomber dans le sensationnel. Tout au long de l’essai, ou presque, les deux auteurs conservent une tonalité assez équilibrée autant quand ils parlent d’Israël que du Hamas. La population est à juste titre présentée comme la principale victime des affrontements. Si le récit final de M. Farhat, un des rares journalistes à être entré dans Gaza pendant le conflit, aurait pu être un moment clef du livre, il en est malheureusement le point faible. Israël et l’Autorité palestinienne se voient vilipendés en des termes indignes d’un ouvrage sérieux. Cette tribune libre n’offre rien d’intéressant au lecteur qui cherchera dans cet ouvrage une analyse dépassionnée de la situation.
Au-delà d’une qualité certaine, Gaza. Au cœur de la tragédie manque d’une analyse stratégique des affrontements entre le Hamas et Israël. Les auteurs se contentent de les relater, mais trop peu de pages éclaircissent avec acuité les tactiques employées au front par l’une et l’autre partie. De même, l’analyse politique reste assez superficielle, les auteurs n’exposant souvent que des déclarations publiques et ne s’appuyant apparemment pas sur des entretiens de fond avec des acteurs israéliens et palestiniens pour mieux discerner les processus de décision et de réaction. Quand ils le font, l’analyse n’apporte pas beaucoup plus que ce que les médias exposaient à chaud.