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Football brésilien. L’invention d’un style
par Laurent Lasne - Paris, Éditions Le Tiers Livre, 2014, 190 p.
Pourquoi s’intéresser au football ? Pourquoi, plus particulièrement, s’intéresser au football brésilien et, de surcroît, quel lien établir avec une revue de relations internationales ? L’auteur, passionné de ballon rond, écrivain et chroniqueur, apporte les réponses à ces questions au gré d’épisodes historiques qui visent à démontrer l’importance et l’influence du football sur la société et la politique brésiliennes.
À ceux qui pensent que le sport en général, et le football en particulier, n’est qu’un simple jeu, Laurent Lasne démontre méthodiquement le contraire. La Coupe du monde au Brésil lui apporte son argument ultime. Le football, dans ce pays plus qu’ailleurs, fait partie intégrante de la vie sociale, politique et économique. S’il est parfois considéré comme une religion, il est surtout le symbole d’une vie brésilienne. À travers le récit de son histoire, le lecteur appréhende les grandes évolutions de cette société. On découvre ainsi l’arrivée du football, introduit par les immigrés européens, principalement britanniques et portugais, son expansion par les clubs sportifs fermés et la passion contagieuse qui se transmet à l’ensemble de la population. L’auteur revient sur la création des premiers clubs ouvriers, du championnat mais aussi sur l’émergence de la compétition avec les voisins uruguayens et argentins, qui se cristallise autour de rencontres de 90 minutes. Il évoque évidemment la Seleçao, ses 20 participations du Brésil en Coupe du monde, ses cinq titres et les joueurs de légende qui ont façonné l’image contemporaine du Brésil : Socrates, Pelé, Garrincha. L. Lasne s’efforce, en égrenant les exemples, de démontrer que le football a eu un rôle central au sein de la société brésilienne et lui a permis d’évoluer.
Loin d’encenser aveuglément le football, l’auteur revient aussi sur ses dérives. L’épisode de la finale ratée de 1950 (p. 125), vécue comme un traumatisme, est décortiqué. Si un match peut paraître anecdotique pour les moins sportifs d’entre nous, il fut alors bien révélateur du précaire équilibre de la société brésilienne. Adulés, les joueurs métissés se trouvèrent, au lendemain de cette désillusion, accusés d’être les responsables de cette déroute. Ainsi, les journaux considérèrent « urgent de changer de cap et de “blanchir” l’équipe » (p. 132). L’auteur revient aussi sur le « complexe du vira-latas », complexe du « chien battu » qui caractérise la société brésilienne : une grande ambition, mêlée à un sentiment d’impuissance et d’infériorité dès qu’elle est confrontée au reste du monde.
Avec cet essai, L. Lasne n’entend pas écrire un traité sur le Brésil, mais plutôt trouver des clés de décryptage de ce pays à travers ce qui le fait vivre et vibrer. Deux bémols doivent cependant être émis. Le premier porte sur la chronologie redondante, qui pourra perdre le lecteur dans cette analyse footballistique du Brésil. Le second est intrinsèque au thème abordé. Les efforts pour retranscrire l’évolution tactique ou pour décrire une action de jeu pourront sembler arides et désuets au plus novice des lecteurs. L’auteur réussit tout de même le tour de force de mêler football et géopolitique. Faire cohabiter petit pont et analyse politique d’un pays n’était pourtant pas tâche facile ; c’est chose faite avec ce livre, qui contentera à la fois un passionné de football, qui découvrira ainsi une profondeur internationale et politique qu’il ne soupçonnait pas forcément, ainsi qu’un profane, qui s’initiera à la portée géopolitique de ce qu’il considère un simple jeu.
À ceux qui pensent que le sport en général, et le football en particulier, n’est qu’un simple jeu, Laurent Lasne démontre méthodiquement le contraire. La Coupe du monde au Brésil lui apporte son argument ultime. Le football, dans ce pays plus qu’ailleurs, fait partie intégrante de la vie sociale, politique et économique. S’il est parfois considéré comme une religion, il est surtout le symbole d’une vie brésilienne. À travers le récit de son histoire, le lecteur appréhende les grandes évolutions de cette société. On découvre ainsi l’arrivée du football, introduit par les immigrés européens, principalement britanniques et portugais, son expansion par les clubs sportifs fermés et la passion contagieuse qui se transmet à l’ensemble de la population. L’auteur revient sur la création des premiers clubs ouvriers, du championnat mais aussi sur l’émergence de la compétition avec les voisins uruguayens et argentins, qui se cristallise autour de rencontres de 90 minutes. Il évoque évidemment la Seleçao, ses 20 participations du Brésil en Coupe du monde, ses cinq titres et les joueurs de légende qui ont façonné l’image contemporaine du Brésil : Socrates, Pelé, Garrincha. L. Lasne s’efforce, en égrenant les exemples, de démontrer que le football a eu un rôle central au sein de la société brésilienne et lui a permis d’évoluer.
Loin d’encenser aveuglément le football, l’auteur revient aussi sur ses dérives. L’épisode de la finale ratée de 1950 (p. 125), vécue comme un traumatisme, est décortiqué. Si un match peut paraître anecdotique pour les moins sportifs d’entre nous, il fut alors bien révélateur du précaire équilibre de la société brésilienne. Adulés, les joueurs métissés se trouvèrent, au lendemain de cette désillusion, accusés d’être les responsables de cette déroute. Ainsi, les journaux considérèrent « urgent de changer de cap et de “blanchir” l’équipe » (p. 132). L’auteur revient aussi sur le « complexe du vira-latas », complexe du « chien battu » qui caractérise la société brésilienne : une grande ambition, mêlée à un sentiment d’impuissance et d’infériorité dès qu’elle est confrontée au reste du monde.
Avec cet essai, L. Lasne n’entend pas écrire un traité sur le Brésil, mais plutôt trouver des clés de décryptage de ce pays à travers ce qui le fait vivre et vibrer. Deux bémols doivent cependant être émis. Le premier porte sur la chronologie redondante, qui pourra perdre le lecteur dans cette analyse footballistique du Brésil. Le second est intrinsèque au thème abordé. Les efforts pour retranscrire l’évolution tactique ou pour décrire une action de jeu pourront sembler arides et désuets au plus novice des lecteurs. L’auteur réussit tout de même le tour de force de mêler football et géopolitique. Faire cohabiter petit pont et analyse politique d’un pays n’était pourtant pas tâche facile ; c’est chose faite avec ce livre, qui contentera à la fois un passionné de football, qui découvrira ainsi une profondeur internationale et politique qu’il ne soupçonnait pas forcément, ainsi qu’un profane, qui s’initiera à la portée géopolitique de ce qu’il considère un simple jeu.