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Faim zéro. En finir avec la faim dans le monde
par Bruno Parmentier - Paris, La Découverte, 2014, 240p.
Faim zéro de Bruno Parmentier est un bon livre d’initiation pour qui veut comprendre le problème de la faim et les grands défis qui s’y rattachent. Cet ouvrage synthétique et clair analyse en dix chapitres les dix questions-clés autour de la faim, qui touche aujourd’hui 842 millions de personnes dans le monde. Malgré des résultats prometteurs au XXe siècle, avec une baisse de 40 % du nombre d’affamés entre 1900 et 2000, la situation en ce début de XXIe siècle s’enlise et l’objectif des 400 millions d’affamés sur terre en 2015, défini par les Nations unies dans le cadre des Objectifs du millénaire, est loin d’être atteint. Comment donc analyser cet échec et quelles solutions innovantes se profilent pour réussir enfin à éradiquer durablement la faim dans le monde ?
Les affamés de la terre sont aux trois quarts une population rurale ne parvenant plus à vivre de sa production agricole, le dernier quart étant constitué par les pauvres urbains ayant fui les campagnes pour un avenir meilleur et croupissant désormais dans des bidonvilles à la lisière des grandes villes. Géographiquement, ils se concentrent essentiellement en Afrique et dans le sous-continent indo-pakistanais, l’Inde abritant à elle seule le quart des personnes souffrant de la faim dans le monde. La population mondiale s’accroît chaque année de 75 millions d’êtres humains, alors que la Terre n’arrive plus à produire d’excédents de céréales pour la nourrir. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il faudra accroître la production mondiale agricole de 70 % d’ici 2050. Pour s’approcher de cet objectif, il est nécessaire de remonter à la racine du problème.
Tout d’abord en repensant les politiques agricoles. La politique agricole mondiale, inspirée de la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo, a incité les pays du Sud à se spécialiser sur quelques cultures exportatrices au détriment de la culture vivrière. Ce modèle a montré ses limites et les effets pervers se font ressentir aujourd’hui : dépendance aux importations de denrées alimentaires, petits agriculteurs n’arrivant pas à s’aligner sur les cours mondiaux des céréales, etc. Les États doivent donc réinvestir massivement dans la revalorisation des cultures vivrières afin d’atteindre ou de retrouver l’autosuffisance alimentaire.
L’auteur insiste ensuite sur l’urgence d’une prise de conscience de la complexité du problème et propose plusieurs pistes de réflexion. Au niveau du citoyen, tout d’abord, qui doit remettre en question ses modes alimentaires. En ce début de XXIe siècle, près de la moitié de la production mondiale de céréales et les trois quart, de celle des légumineuses sont destinées aux animaux. Changer les habitudes alimentaires des pays du Nord, en réduisant la consommation de viande, représente l’une des actions les plus importantes pour combattre la faim dans le monde. Cela permettrait non seulement d’allouer les productions agricoles à une consommation humaine, mais également de réduire un certain nombre de problèmes collatéraux comme les gaz à effet de serre, imputés aujourd’hui à 18 % au bétail.
Au niveau des politiques agricoles, ensuite, en prenant conscience que les défis du réchauffement climatique nécessitent d’avoir des approches agricoles innovantes. Il s’agit donc de s’affranchir du modèle unique de l’agriculture « chimique » pour regarder d’autres modèles, comme celui de « l’agriculture écologiquement intensive ». En d’autres termes, il faut intensifier les processus écologiques et aller vers une agriculture qui s’inspire de la nature plutôt que de la nier en généralisant des méthodes de cultures innovantes comme le sans labour ou le système de riziculture intensive.
Et, finalement et surtout, au niveau des États. La faim est avant tout un défi politique et doit devenir une priorité nationale. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva s’était engagé avec succès dans cette voie avec sa politique « faim zéro », que suivent aujourd’hui le Mexique et l’Inde. Ces initiatives doivent se généraliser : le problème de la faim doit être un « enjeu moral » et une question de justice sociale pour les États, afin que le droit à l’alimentation devienne un droit de l’homme inaliénable et universel.
Les affamés de la terre sont aux trois quarts une population rurale ne parvenant plus à vivre de sa production agricole, le dernier quart étant constitué par les pauvres urbains ayant fui les campagnes pour un avenir meilleur et croupissant désormais dans des bidonvilles à la lisière des grandes villes. Géographiquement, ils se concentrent essentiellement en Afrique et dans le sous-continent indo-pakistanais, l’Inde abritant à elle seule le quart des personnes souffrant de la faim dans le monde. La population mondiale s’accroît chaque année de 75 millions d’êtres humains, alors que la Terre n’arrive plus à produire d’excédents de céréales pour la nourrir. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il faudra accroître la production mondiale agricole de 70 % d’ici 2050. Pour s’approcher de cet objectif, il est nécessaire de remonter à la racine du problème.
Tout d’abord en repensant les politiques agricoles. La politique agricole mondiale, inspirée de la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo, a incité les pays du Sud à se spécialiser sur quelques cultures exportatrices au détriment de la culture vivrière. Ce modèle a montré ses limites et les effets pervers se font ressentir aujourd’hui : dépendance aux importations de denrées alimentaires, petits agriculteurs n’arrivant pas à s’aligner sur les cours mondiaux des céréales, etc. Les États doivent donc réinvestir massivement dans la revalorisation des cultures vivrières afin d’atteindre ou de retrouver l’autosuffisance alimentaire.
L’auteur insiste ensuite sur l’urgence d’une prise de conscience de la complexité du problème et propose plusieurs pistes de réflexion. Au niveau du citoyen, tout d’abord, qui doit remettre en question ses modes alimentaires. En ce début de XXIe siècle, près de la moitié de la production mondiale de céréales et les trois quart, de celle des légumineuses sont destinées aux animaux. Changer les habitudes alimentaires des pays du Nord, en réduisant la consommation de viande, représente l’une des actions les plus importantes pour combattre la faim dans le monde. Cela permettrait non seulement d’allouer les productions agricoles à une consommation humaine, mais également de réduire un certain nombre de problèmes collatéraux comme les gaz à effet de serre, imputés aujourd’hui à 18 % au bétail.
Au niveau des politiques agricoles, ensuite, en prenant conscience que les défis du réchauffement climatique nécessitent d’avoir des approches agricoles innovantes. Il s’agit donc de s’affranchir du modèle unique de l’agriculture « chimique » pour regarder d’autres modèles, comme celui de « l’agriculture écologiquement intensive ». En d’autres termes, il faut intensifier les processus écologiques et aller vers une agriculture qui s’inspire de la nature plutôt que de la nier en généralisant des méthodes de cultures innovantes comme le sans labour ou le système de riziculture intensive.
Et, finalement et surtout, au niveau des États. La faim est avant tout un défi politique et doit devenir une priorité nationale. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva s’était engagé avec succès dans cette voie avec sa politique « faim zéro », que suivent aujourd’hui le Mexique et l’Inde. Ces initiatives doivent se généraliser : le problème de la faim doit être un « enjeu moral » et une question de justice sociale pour les États, afin que le droit à l’alimentation devienne un droit de l’homme inaliénable et universel.