Et pour quelques degrés de plus Nos choix économiques face au risque climatique
Christian de Perthuis Paris, Pearson, 2009, 306 p.
Christian de Perthuis, conseiller scientifique à la Mission Climat de la Caisse des Dépôts, fait preuve, avec son livre, de pédagogie concernant une problématique relativement compliquée. Tout en donnant les bases pour comprendre les négociations climatiques futures de Copenhague, qui se tiendront en décembre 2009, il propose des pistes pour rendre efficace la lutte contre le réchauffement climatique. Ainsi, selon lui, un bon accord climatique doit nécessairement combiner « des instruments économiques puissants pour rendre coûteuses les émissions et des principes d’équité qui garantissent que les plus faibles ne porteront pas le fardeau de la contrainte » (p. 8). Pour se faire, cela suppose d’agencer les sept pièces du « puzzle climatique ».
Une première obligation est de reconstruire un système d’engagements international. En effet, le protocole de Kyoto, signé en 1997, a été un échec du fait de sa complexité et du retrait américain en 2001. Par conséquent, Christian de Perthuis propose que le nouveau système repose sur deux piliers : le système européen d’échange de quotas de CO2, qui a permis l’émergence d’un prix international du carbone et le marché international des projets, lancés grâce aux mécanismes de flexibilité du protocole.
Ainsi, le marché des émissions, mis en place par l’Europe, est suffisamment crédible pour servir d’exemple aux négociateurs et construire un marché mondial des quotas. Cette deuxième pièce du puzzle, selon l’auteur, est une nécessité.
La troisième pièce du puzzle concerne le redimensionnement des mécanismes de projets. Malgré l’échec des objectifs de limitations des émissions, Kyoto a permis de lancer un marché international des crédits carbone qui rémunèrent des projets. Perfectible du fait de la complexité des règles et la focalisation sur un nombre restreint de pays émergents, le dispositif reste néanmoins d’actualité. Ainsi, l’un des objectifs de Copenhague serait de privilégier, non plus les projets, mais des programmes regroupant des actions élémentaires et des politiques sectorielles ou territoriales.
La gestion de la rente carbone est également une partie importante des négociations climatiques. En contraignant les émissions de CO2 de son industrie, l’Europe a fait apparaître une rente de rareté liée au carbone et se chiffrant à plusieurs milliards d’euros par an. La généralisation du système de cap and trade (limitation et tarification du carbone) au niveau mondial va accroître cette rente, au profit des gouvernements. Or, il y aura la nécessité d’avoir un véritable « pilotage stratégique » de cette rente à l’échelle internationale.
Christian de Perthuis, comme cinquième pièce du puzzle, pose la nécessité d’avoir un New Deal énergétique. Le rattrapage économique des pays émergents, alimenté par le pétrole et le charbon, induit un accroissement important des émissions de CO2, accélérant le changement climatique. Il y a donc urgence pour mettre en place un New Deal énergétique basé sur un accord entre tous les pays plafonnant les émissions, une gestion concertée des rentes carbone et pétrolière ainsi que la mise en place d’un programme international de lutte contre la pauvreté énergétique.
La question de la place de l’agriculture et de la déforestation, représentant un tiers des émissions mondiales dans les accords climatiques est également abordée. En effet, le système agroforestier est en dehors du protocole de Kyoto et personne n’est incité à stopper la déforestation et à mettre en place des politiques agricoles durables. Son intégration au nouvel accord climatique est donc primordiale.
La dernière pièce du puzzle est celle des engagements pour le financement de l’adaptation au réchauffement climatique. Accord ou non, les effets des émissions passées et actuelles impacteront le climat jusqu’en 2050, au moins. Par conséquent, les sociétés devront s’adapter, avec des gagnants et des perdants. Or, les stratégies d’adaptation sont le parent pauvre des accords climatiques internationaux et elles nécessitent la coopération Nord-Sud, avec des transferts financiers, techniques et scientifiques importants.