See English version below « Ça s’est passé comme ça ». Ceci...
Drawdown. Comment inverser le cours du réchauffement planétaire
Par Paul Hawken (dir.) - Paris, Actes Sud, 2018, 569p.
Drawdown désigne le point de bascule à partir duquel la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, après avoir atteint un pic, se met à diminuer d’une année à l’autre. L’ambition de cet ouvrage collectif est une présentation exhaustive des moyens dont dispose l’humanité pour non seulement atténuer le changement climatique – en respectant l’Accord de Paris –, mais aussi pour « refroidir » la planète en captant le surplus de carbone atmosphérique. Il s’agit, en somme, d’une encyclopédie des solutions pour le climat fiable et pratique.
Pour réaliser ce projet quelque peu ambitieux, Paul Hawken, environnementaliste et spécialiste de l’économie circulaire, a réuni une équipe de 70 chercheurs de 22 nationalités. Il a mobilisé, de plus, un comité consultatif de 120 experts issus des sciences « dures » et des sciences sociales. Un site Internet complète également le livre dans sa version papier ; il permet de retrouver toutes les sources utilisées, mais aussi d’amender et /ou de compléter les données exposées. 80 mesures sont détaillées à travers huit chapitres : énergies ; alimentation ; femmes et filles ; bâtiments et villes ; affectation des terres ; transports ; matériaux ; et « Bientôt près de chez vous ».
Les sujets sont aussi variés qu’inattendus pour certains. Si les éoliennes, l’isolation des bâtiments ou encore le reboisement sont des thèmes traditionnellement évoqués, « l’éducation des filles » figurerait par exemple à la septième place des mesures les plus efficaces. En effet, les filles mieux et plus longtemps éduquées ont généralement moins d’enfants, ce qui entraîne une économie de carbone à l’échelle globale. Cette approche multidisciplinaire est d’autant plus intéressante qu’elle fut longtemps une faiblesse assumée des écologistes.
Chacune des mesures exposées est présentée sous la forme d’une fiche comprenant un tableau avec le nombre de gigatonnes de dioxyde de carbone (CO2) économisées sur la période 2020-2050, le coût net et les économies nettes. S’ensuit une description technique vulgarisée d’environ trois pages, puis une conclusion précisant les modalités du calcul conduisant aux résultats du tableau. Les illustrations sont par ailleurs nombreuses. Souvent, deux fiches sont séparées par d’autres incises sur des éléments historiques (l’histoire d’Alexander von Humboldt, l’action du pape François, etc.) ou des présentations d’ouvrages (La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben) ou de concepts.
Dans le dernier chapitre, « Bientôt près de chez vous », sont présentées des pratiques variées dont la comptabilisation chiffrée est difficile, mais l’impact sur le climat certain : le repeuplement de la toundra par les herbivores, l’Hyperloop ou encore les fermes marines, etc.
Les données sont issues d’un couplage entre les publications scientifiques les plus récentes, des rapports d’organisations non gouvernementales, d’organismes économiques, d’institutions internationales ou encore de grandes entreprises. Une présentation complète de la méthodologie figure en annexe, permettant de comprendre que ces modèles sont dynamiques – ils prennent en compte l’augmentation de la population et la croissance économique. Si l’équipe a également mis un point d’honneur à éviter les doubles comptabilisations en matière d’impact carbone – par exemple entre « toitures solaires » et « bâtiments à énergie positive » –, il reste néanmoins de nombreuses difficultés, par exemple pour prendre en compte les effets rebond – fait bien connu des sociologues : si l’on améliore l’efficacité énergétique d’un chauffage dans la maison, il peut y avoir tentation de l’utiliser plus souvent. Les indicateurs économiques utilisés proviennent volontairement d’estimations basses. Par exemple, le calcul coût / économie dans le domaine des énergies renouvelables (ENR) part du postulat que les prix des technologies de 2050 seront les mêmes qu’aujourd’hui, alors qu’elles deviendront certainement beaucoup moins chères. Les données exposées semblent donc assez fiables.
Cet immense travail mérite d’être dûment parcouru par tous les intéressés des enjeux climatiques. Il prête à l’optimisme et, surtout, à l’envie d’agir.
Pour réaliser ce projet quelque peu ambitieux, Paul Hawken, environnementaliste et spécialiste de l’économie circulaire, a réuni une équipe de 70 chercheurs de 22 nationalités. Il a mobilisé, de plus, un comité consultatif de 120 experts issus des sciences « dures » et des sciences sociales. Un site Internet complète également le livre dans sa version papier ; il permet de retrouver toutes les sources utilisées, mais aussi d’amender et /ou de compléter les données exposées. 80 mesures sont détaillées à travers huit chapitres : énergies ; alimentation ; femmes et filles ; bâtiments et villes ; affectation des terres ; transports ; matériaux ; et « Bientôt près de chez vous ».
Les sujets sont aussi variés qu’inattendus pour certains. Si les éoliennes, l’isolation des bâtiments ou encore le reboisement sont des thèmes traditionnellement évoqués, « l’éducation des filles » figurerait par exemple à la septième place des mesures les plus efficaces. En effet, les filles mieux et plus longtemps éduquées ont généralement moins d’enfants, ce qui entraîne une économie de carbone à l’échelle globale. Cette approche multidisciplinaire est d’autant plus intéressante qu’elle fut longtemps une faiblesse assumée des écologistes.
Chacune des mesures exposées est présentée sous la forme d’une fiche comprenant un tableau avec le nombre de gigatonnes de dioxyde de carbone (CO2) économisées sur la période 2020-2050, le coût net et les économies nettes. S’ensuit une description technique vulgarisée d’environ trois pages, puis une conclusion précisant les modalités du calcul conduisant aux résultats du tableau. Les illustrations sont par ailleurs nombreuses. Souvent, deux fiches sont séparées par d’autres incises sur des éléments historiques (l’histoire d’Alexander von Humboldt, l’action du pape François, etc.) ou des présentations d’ouvrages (La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben) ou de concepts.
Dans le dernier chapitre, « Bientôt près de chez vous », sont présentées des pratiques variées dont la comptabilisation chiffrée est difficile, mais l’impact sur le climat certain : le repeuplement de la toundra par les herbivores, l’Hyperloop ou encore les fermes marines, etc.
Les données sont issues d’un couplage entre les publications scientifiques les plus récentes, des rapports d’organisations non gouvernementales, d’organismes économiques, d’institutions internationales ou encore de grandes entreprises. Une présentation complète de la méthodologie figure en annexe, permettant de comprendre que ces modèles sont dynamiques – ils prennent en compte l’augmentation de la population et la croissance économique. Si l’équipe a également mis un point d’honneur à éviter les doubles comptabilisations en matière d’impact carbone – par exemple entre « toitures solaires » et « bâtiments à énergie positive » –, il reste néanmoins de nombreuses difficultés, par exemple pour prendre en compte les effets rebond – fait bien connu des sociologues : si l’on améliore l’efficacité énergétique d’un chauffage dans la maison, il peut y avoir tentation de l’utiliser plus souvent. Les indicateurs économiques utilisés proviennent volontairement d’estimations basses. Par exemple, le calcul coût / économie dans le domaine des énergies renouvelables (ENR) part du postulat que les prix des technologies de 2050 seront les mêmes qu’aujourd’hui, alors qu’elles deviendront certainement beaucoup moins chères. Les données exposées semblent donc assez fiables.
Cet immense travail mérite d’être dûment parcouru par tous les intéressés des enjeux climatiques. Il prête à l’optimisme et, surtout, à l’envie d’agir.