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De la Perse à l’Iran. 2500 ans d’histoire
Par Ardavan Amir-Aslani - Paris, L'Archipel, 2018, 2016p.
« La gloire de l’Iran a toujours été sa culture », écrivait Richard Nelson Frye, professeur à Harvard et spécialiste du monde iranien. Ardavan Amir-Aslani, avocat au Barreau de Paris, souhaite apporter à travers ce travail ambitieux une compréhension de l’influence de la culture persane à « l’aventure universelle des sciences, de la philosophie, de l’art et des religions ».
L’auteur dépeint tout au long de l’ouvrage l’histoire de la Perse, à travers ses grandes périodes de domination, d’invasion et d’expansion. L’histoire de la Perse préislamique débute avec les Parthes – du IIIe siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C. –, qui créent ensuite la confédération partho-sassanide – du IIIe siècle au VIe siècle. L’invasion arabe – entre 633 et 651 – affaiblira la Perse et instaurera « deux siècles de silence » et de résistance. Progressivement, les Perses se convertissent alors à l’islam. Chose unique au Moyen-Orient, les Perses ont su préserver, malgré les invasions, leur propre culture, notamment à travers leur langue, la science, la littérature et la diffusion du chiisme, symboles de l’iranité. Sous les Samanides (874-999), puis les Ghaznévides (962-1182), émerge une réelle volonté politique de préservation de cette culture persane. Cette période, que de nombreux historiens considèrent comme « le nouvel âge d’or de la Perse », est symbolisée par de nombreux savants illustres. Du mathématicien Al-Khwarizmi (780-850) – l’origine du mot algorithme lui est liée – au philosophe et médecin Avicenne (980-1037) – « le troisième Maître » après Aristote et Al-Fârâbî –, en passant par le médecin Rhazès (865-925), l’auteur dresse de nombreux portraits d’Iraniens diffuseurs de sciences et de connaissances. Il évoque également la poésie comme un élément de préservation de la culture persane : depuis Firdousi, Omar Khayyam, Rûmî et Hafez, la poésie et le mysticisme occupent une place centrale en Iran. Enfin, selon l’auteur, s’il ne fallait retenir qu’un don de l’Iran à la civilisation mondiale, ce serait le zoroastrisme – Ier millénaire av. J.-C. – en tant que première religion basée sur le libre arbitre, le choix et la croyance en un Dieu unique, influençant grandement la pensée religieuse et humaniste mondiale.
L’ouvrage apporte une description concise de l’histoire de la Perse, même s’il est davantage un outil de découverte d’une culture millénaire persane qu’un livre d’histoire à proprement parler. Certaines périodes sont mieux décrites et détaillées quand d’autres, comme celle allant du début du XIXe au milieu du XXe siècle, ne sont pas traitées. L’auteur souhaite ainsi illustrer la force et l’influence de la culture persane, et ce, en dépit des multiples périodes de crise auxquelles l’Iran a fait face.
De nos jours, l’ancienne Perse est loin d’être limitée au peuple iranien et aux frontières actuelles de l’Iran. Elle est une « terre centrale », à la jonction entre la Méditerranée et l’Asie, entre le monde arabe et indien. Malgré le recul de cette immense hégémonie territoriale, le « monde iranien » et sa culture sont toujours présents et influents, de la Turquie à l’Inde, en passant par l’Asie centrale.
Cette particularité iranienne attire et dérange à la fois, ce qui se reflète dans la géopolitique qui caractérise le pays. Tandis que l’Iran est aujourd’hui – une nouvelle fois – au carrefour des enjeux stratégiques régionaux et internationaux, il demeure regardé avec méfiance en raison de son histoire. La dénonciation récente par les États-Unis de l’accord de Vienne sur le nucléaire ou les tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran en témoignent.
Gageons que l’Iran puisse réellement incarner un laboratoire de modernité comme le fut la Perse, en préservant son héritage culturel tout en s’adaptant aux enjeux contemporains, afin de parvenir à construire un État ouvert et respectueux des droits les plus fondamentaux – en particularité ceux des minorités sociales et religieuses présentes sur son territoire –, droits ayant été énoncés par le Cylindre de Cyrus au VIe siècle av. J.-C. dans ce qui est considéré comme la plus ancienne déclaration des droits de l’homme de l’Histoire.
L’auteur dépeint tout au long de l’ouvrage l’histoire de la Perse, à travers ses grandes périodes de domination, d’invasion et d’expansion. L’histoire de la Perse préislamique débute avec les Parthes – du IIIe siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C. –, qui créent ensuite la confédération partho-sassanide – du IIIe siècle au VIe siècle. L’invasion arabe – entre 633 et 651 – affaiblira la Perse et instaurera « deux siècles de silence » et de résistance. Progressivement, les Perses se convertissent alors à l’islam. Chose unique au Moyen-Orient, les Perses ont su préserver, malgré les invasions, leur propre culture, notamment à travers leur langue, la science, la littérature et la diffusion du chiisme, symboles de l’iranité. Sous les Samanides (874-999), puis les Ghaznévides (962-1182), émerge une réelle volonté politique de préservation de cette culture persane. Cette période, que de nombreux historiens considèrent comme « le nouvel âge d’or de la Perse », est symbolisée par de nombreux savants illustres. Du mathématicien Al-Khwarizmi (780-850) – l’origine du mot algorithme lui est liée – au philosophe et médecin Avicenne (980-1037) – « le troisième Maître » après Aristote et Al-Fârâbî –, en passant par le médecin Rhazès (865-925), l’auteur dresse de nombreux portraits d’Iraniens diffuseurs de sciences et de connaissances. Il évoque également la poésie comme un élément de préservation de la culture persane : depuis Firdousi, Omar Khayyam, Rûmî et Hafez, la poésie et le mysticisme occupent une place centrale en Iran. Enfin, selon l’auteur, s’il ne fallait retenir qu’un don de l’Iran à la civilisation mondiale, ce serait le zoroastrisme – Ier millénaire av. J.-C. – en tant que première religion basée sur le libre arbitre, le choix et la croyance en un Dieu unique, influençant grandement la pensée religieuse et humaniste mondiale.
L’ouvrage apporte une description concise de l’histoire de la Perse, même s’il est davantage un outil de découverte d’une culture millénaire persane qu’un livre d’histoire à proprement parler. Certaines périodes sont mieux décrites et détaillées quand d’autres, comme celle allant du début du XIXe au milieu du XXe siècle, ne sont pas traitées. L’auteur souhaite ainsi illustrer la force et l’influence de la culture persane, et ce, en dépit des multiples périodes de crise auxquelles l’Iran a fait face.
De nos jours, l’ancienne Perse est loin d’être limitée au peuple iranien et aux frontières actuelles de l’Iran. Elle est une « terre centrale », à la jonction entre la Méditerranée et l’Asie, entre le monde arabe et indien. Malgré le recul de cette immense hégémonie territoriale, le « monde iranien » et sa culture sont toujours présents et influents, de la Turquie à l’Inde, en passant par l’Asie centrale.
Cette particularité iranienne attire et dérange à la fois, ce qui se reflète dans la géopolitique qui caractérise le pays. Tandis que l’Iran est aujourd’hui – une nouvelle fois – au carrefour des enjeux stratégiques régionaux et internationaux, il demeure regardé avec méfiance en raison de son histoire. La dénonciation récente par les États-Unis de l’accord de Vienne sur le nucléaire ou les tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran en témoignent.
Gageons que l’Iran puisse réellement incarner un laboratoire de modernité comme le fut la Perse, en préservant son héritage culturel tout en s’adaptant aux enjeux contemporains, afin de parvenir à construire un État ouvert et respectueux des droits les plus fondamentaux – en particularité ceux des minorités sociales et religieuses présentes sur son territoire –, droits ayant été énoncés par le Cylindre de Cyrus au VIe siècle av. J.-C. dans ce qui est considéré comme la plus ancienne déclaration des droits de l’homme de l’Histoire.