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Cyberguerre et guerre de l’information : stratégies, règles, enjeux
Daniel Ventre (dir.) Lavoisier, Paris, 2010, 319 p.
C’est par une définition que commence l’excellent ouvrage collectif coordonné par Daniel Ventre (CNRS). La guerre de l’information représente « toute activité destinée à acquérir données et connaissances (et à en priver l’adversaire) dans une finalité stratégique, soit par des systèmes (vecteurs et moyens de traitement de l’information), soit par le contenu, en assurant une domination informationnelle ». La cyberguerre serait la dimension technique de cette guerre de l’information. Daniel Ventre part du constat que le cyberespace est devenu un système vital, de notre modèle de société. Plusieurs questions se posent dès lors. Quelles sont les frontières de la cyberguerre ? Appliquée à la guerre de l’information, cette cyberguerre existe-t-elle par elle-même ou est-ce un nouvel instrument pour répondre à des fonctions séculaires telles que la conservation du secret, l’espionnage, le sabotage ou la propagande ? La prise en compte du cyberespace génère indéniablement des problématiques nouvelles, car l’attaquant du cybermonde cumule anonymat et imprévisibilité et interdit l’identification de « l’ennemi ». Contre qui, dès lors, faire la guerre ? Se pose également la question de l’évaluation de la force, qui dans le cyberespace ne se mesure plus en nombre de divisions blindées ou territoire. Internet fournit de nouvelles opportunités d’agréger des individus par delà les frontières pour influer sur les États, influencer les opinions publiques, et diffuser des idéologies. Le contrôle de l’image et de l’information deviennent plus difficiles, alors qu’il suffisait jusqu’à maintenant de contrôler la télévision d’État. Comme l’annoncent la plupart des auteurs, la cyberguerre n’existe pas en elle-même mais vient en soutien à des instruments plus classiques. « La guerre a pour finalité ultime une action sur le monde physique et réel. La dimension cybernétique n’apporte en fait qu’un moyen supplémentaire, via de nouveaux systèmes et outils, d’agir sur le monde physique » (p. 164). Cette dimension peut toutefois fournir un avantage déterminant ou permettre une « surprise stratégique ».
La force de cet ouvrage est d’avoir réuni à la fois des analyses théoriques approfondies (François-Bernard Huyghe (IRIS), Joseph Henrotin (CAPRI), Colonel François Chauvancy (CICDE)), et des approches très pratiques. Eric Filiol (ESIEA) détaille ainsi les aspects opérationnels d’une cyberattaque, du renseignement à la planification et la conduite de l’opération. Il souligne les avantages de l’immédiateté, de la possibilité de frapper instantanément n’importe quel point de l’espace à partir de n’importe quel autre, tout en permettant de ne laisser aucune preuve de son passage. On apprécie particulièrement ici le développement du concept d’infrastructure critique et la cartographie des risques proposée, ainsi que les exemples marquants de cyberguerre proposés. Le comportement du gouvernement chinois au Xinjiang, disséqué par Daniel Ventre apporte une preuve supplémentaire de l’importance du facteur informationnel et de la maîtrise des nouveaux réseaux de communication.
La qualité de cet ouvrage est indéniable et ses auteurs réunissent l’ensemble des éléments permettant une connaissance approfondie des enjeux de la cyberguerre et de la guerre de l’information, propice à une meilleure analyse de ce phénomène qui prendra dans les prochaines années nécessairement de l’importance dans le domaine de la sécurité et de la défense.
La force de cet ouvrage est d’avoir réuni à la fois des analyses théoriques approfondies (François-Bernard Huyghe (IRIS), Joseph Henrotin (CAPRI), Colonel François Chauvancy (CICDE)), et des approches très pratiques. Eric Filiol (ESIEA) détaille ainsi les aspects opérationnels d’une cyberattaque, du renseignement à la planification et la conduite de l’opération. Il souligne les avantages de l’immédiateté, de la possibilité de frapper instantanément n’importe quel point de l’espace à partir de n’importe quel autre, tout en permettant de ne laisser aucune preuve de son passage. On apprécie particulièrement ici le développement du concept d’infrastructure critique et la cartographie des risques proposée, ainsi que les exemples marquants de cyberguerre proposés. Le comportement du gouvernement chinois au Xinjiang, disséqué par Daniel Ventre apporte une preuve supplémentaire de l’importance du facteur informationnel et de la maîtrise des nouveaux réseaux de communication.
La qualité de cet ouvrage est indéniable et ses auteurs réunissent l’ensemble des éléments permettant une connaissance approfondie des enjeux de la cyberguerre et de la guerre de l’information, propice à une meilleure analyse de ce phénomène qui prendra dans les prochaines années nécessairement de l’importance dans le domaine de la sécurité et de la défense.