See English version below « Ça s’est passé comme ça ». Ceci...
Chine ou Japon, quel leader pour l’Asie ?
Claude Meyer Paris, Presses de Sciences Po, 2010, 232 p.
Fin connaisseur du Japon et de son économie, Claude Meyer pose l’une des questions les plus sensibles du moment. Tandis que la Chine s’apprête à devancer le Japon comme deuxième puissance économique mondiale et, surtout, comme première puissance économique asiatique, il convient de s’interroger sur les conséquences de cette passation de pouvoirs, à la fois au niveau régional et international. Assiste-t-on ainsi à une lutte pour le leadership en Asie entre les deux géants économiques de la région ? Cette lutte est-elle égale, quand on regarde le poids de la Chine aujourd’hui et les promesses d’avenir de ce pays ? Un rapprochement entre ces deux rivaux historiques est-il possible ? Autant de questions posées dans ce petit ouvrage très utile.
Les effets de la crise économique internationale ont irrésistiblement déplacé le centre de gravité de l’économie vers l’Asie du Nord-Est, et la question de savoir si cela va se traduire par une lutte d’influence ou par l’accélération d’un processus d’intégration régionale est plus que jamais au centre de toutes les attentions. À cet égard, l’auteur s’interroge sur le rapport de force entre les deux pays, et sur la nécessaire coopération que l’interdépendance économique de plus en plus forte ne fait que confirmer. Relations bilatérales, rapports avec les autres pays de la région, relations avec l’ASEAN et les autres puissances : Claude Meyer passe en revue toutes les possibilités en matière de développement pour ces deux pays. Il s’attarde également sur la situation intérieure, remarquant au passage le décalage très fort qui existe entre la Chine et le Japon à cet égard. La Chine va-t-elle transformer son exceptionnelle croissance économique en une amélioration des conditions sociales de son immense population ? Le Japon va-t-il pouvoir trouver une réponse à son déclin démographique ? Dans la compétition comme dans la coopération, les enjeux internes sont, pour ces deux pays, souvent déterminants.
Claude Meyer estime enfin que si les limites de la Chine sont nombreuses dans son ascension, elles seront cependant en grande partie surmontées. En revanche, il estime que le Japon conserve un avantage en ce qui concerne ses capacités d’innovation technologique, qui font encore défaut à l’empire du Milieu. Il juge ainsi que Pékin a encore treize ans de retard sur Tokyo à cet égard. Mais ce délai semble bien dérisoire, et compte-tenu du dynamisme actuel de la Chine, dans ce domaine comme dans d’autres, on ne peut que se montrer inquiet pour le Japon, en dehors des perspectives d’intégration régionale qui semblent décidément sa seule option. Pour autant, et l’auteur le note avec raison, il est exagéré de parler d’un déclin du Japon, cette notion ne revêtant pas la même signification dans l’archipel et dans les pays occidentaux. Les repères permettant de définir si une puissance régionale va émerger en Asie du Nord-Est sont ainsi différents.