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Chemins d’espérance. Ces combats gagnés, parfois perdus mais que nous remporterons ensemble
Par Jean Ziegler - Paris, Seuil, 2016, 263p.
Dans un style construit autour de nombreuses anecdotes personnelles, l’ouvrage de Jean Ziegler se veut quasi autobiographique. L’expérience de l’auteur en qualité de rapporteur spécial du Programme alimentaire mondial et de membre du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, ainsi que ses engagements personnels lui permettent de dresser un constat critique du monde actuel.
Jean Ziegler reprend, dans ce livre, les causes qu’il a défendues de longue date : les droits de l’homme, l’accès aux ressources, la répartition des richesses et la paix internationale. Il rapporte les combats qu’il a lui-même menés. Il dénonce ainsi les jeux et enjeux diplomatiques au sein des Nations unies qui annihilent, selon lui, l’efficacité de l’organisation dans son ambition première – la paix mondiale – et, par conséquent, dans l’ensemble des actions qui en découlent – humanitaire, développement, aide. Il critique ouvertement l’impérialisme américain et la politique d’expansion territoriale menée par Israël – contre laquelle il s’est battu et qui lui a valu plusieurs campagnes de diffamation –, fustige l’action des fonds vautours et des sociétés offshore, et déplore l’inégale redistribution des richesses et la « reféodalisation du monde » – évoquée dans son ouvrage L’empire de la honte (Paris, Fayard, 2005).
Si le constat se veut alarmant, Jean Ziegler transmet surtout une vision pleine d’espoir pour l’avenir. L’auteur fonde ses Chemins d’espérance sur la justice universelle et la société civile internationale, sur fond d’une Organisation des Nations unies (ONU) réformée. En dépit de ses nombreux dysfonctionnements, il voit en cette dernière l’institution majeure qui permettra de bâtir une paix mondiale. Mais craignant pour elle une fin aussi tragique que la Société des nations (SDN), il appuie la réforme de son Conseil de sécurité proposée par Kofi Annan, qui impliquerait, entre autres, qu’aux sièges permanents se substitue une rotation entre États membres, tout en respectant une répartition par zone géographique. Un tel mécanisme permettrait de représenter de façon adéquate des rapports de forces qui ne sont plus ceux de 1945, ainsi que de dépasser les alliances qui gèlent le Conseil et empêchent toute action internationale, hier au Rwanda et en ex-Yougoslavie, aujourd’hui en Syrie.
Si l’on peut reprocher à l’auteur une vision qui manque parfois de pragmatisme, voire utopique – lui-même ne s’en cache pas (p. 46) –, son opiniâtreté et sa volonté de dénoncer et d’apporter des solutions, qui plus est dans un combat déséquilibré, sont essentielles et permettent de ne pas sombrer dans un scepticisme généralisé. L’ouvrage se veut donc engagé, voire militant. Dans cette optique, J. Ziegler semble avoir fait le choix de toucher un large public. Mais si l’effort pédagogique et de vulgarisation facilite la lecture, cela ne rend toutefois pas toujours compte de la complexité des situations, desservant alors parfois son propos.
On ne peut, en tout cas, reprocher à Jean Ziegler d’abandonner les combats de sa vie, continuant, à l’âge de 83 ans, de publier des ouvrages engagés et de siéger au comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Sa longue expérience professionnelle n’a en rien altéré son désir d’un « monde enfin humain » (p. 261). Bien conscient du travail qu’il reste à fournir, l’auteur fonde son combat sur les mots prononcés par le Mahatma Gandhi : « D’abord, ils vous ignorent, puis ils se moquent de vous, puis ils vous combattent, puis vous gagnez ».
Jean Ziegler reprend, dans ce livre, les causes qu’il a défendues de longue date : les droits de l’homme, l’accès aux ressources, la répartition des richesses et la paix internationale. Il rapporte les combats qu’il a lui-même menés. Il dénonce ainsi les jeux et enjeux diplomatiques au sein des Nations unies qui annihilent, selon lui, l’efficacité de l’organisation dans son ambition première – la paix mondiale – et, par conséquent, dans l’ensemble des actions qui en découlent – humanitaire, développement, aide. Il critique ouvertement l’impérialisme américain et la politique d’expansion territoriale menée par Israël – contre laquelle il s’est battu et qui lui a valu plusieurs campagnes de diffamation –, fustige l’action des fonds vautours et des sociétés offshore, et déplore l’inégale redistribution des richesses et la « reféodalisation du monde » – évoquée dans son ouvrage L’empire de la honte (Paris, Fayard, 2005).
Si le constat se veut alarmant, Jean Ziegler transmet surtout une vision pleine d’espoir pour l’avenir. L’auteur fonde ses Chemins d’espérance sur la justice universelle et la société civile internationale, sur fond d’une Organisation des Nations unies (ONU) réformée. En dépit de ses nombreux dysfonctionnements, il voit en cette dernière l’institution majeure qui permettra de bâtir une paix mondiale. Mais craignant pour elle une fin aussi tragique que la Société des nations (SDN), il appuie la réforme de son Conseil de sécurité proposée par Kofi Annan, qui impliquerait, entre autres, qu’aux sièges permanents se substitue une rotation entre États membres, tout en respectant une répartition par zone géographique. Un tel mécanisme permettrait de représenter de façon adéquate des rapports de forces qui ne sont plus ceux de 1945, ainsi que de dépasser les alliances qui gèlent le Conseil et empêchent toute action internationale, hier au Rwanda et en ex-Yougoslavie, aujourd’hui en Syrie.
Si l’on peut reprocher à l’auteur une vision qui manque parfois de pragmatisme, voire utopique – lui-même ne s’en cache pas (p. 46) –, son opiniâtreté et sa volonté de dénoncer et d’apporter des solutions, qui plus est dans un combat déséquilibré, sont essentielles et permettent de ne pas sombrer dans un scepticisme généralisé. L’ouvrage se veut donc engagé, voire militant. Dans cette optique, J. Ziegler semble avoir fait le choix de toucher un large public. Mais si l’effort pédagogique et de vulgarisation facilite la lecture, cela ne rend toutefois pas toujours compte de la complexité des situations, desservant alors parfois son propos.
On ne peut, en tout cas, reprocher à Jean Ziegler d’abandonner les combats de sa vie, continuant, à l’âge de 83 ans, de publier des ouvrages engagés et de siéger au comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Sa longue expérience professionnelle n’a en rien altéré son désir d’un « monde enfin humain » (p. 261). Bien conscient du travail qu’il reste à fournir, l’auteur fonde son combat sur les mots prononcés par le Mahatma Gandhi : « D’abord, ils vous ignorent, puis ils se moquent de vous, puis ils vous combattent, puis vous gagnez ».