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Capitalismes asiatiques et puissance chinoise
par Pierre Alary et Elsa Lafaye de Micheaux (dir.) - Paris, Presses de Sciences Po, 2015, 300p.
La montée en puissance économique de la Chine suscite de multiples et légitimes interrogations dans les pays occidentaux quant aux modifications des équilibres internationaux qu’elle suggère. En Asie orientale, elle est l’objet de toutes les attentions pour les transformations sociales, politiques et même stratégiques qu’elle suppose. En s’imposant comme le géant asiatique, Beijing perturbe ainsi les modèles économiques et de développement qui se sont imposés sur le continent depuis plus d’un demi-siècle. La récente création de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) n’en est qu’un exemple parmi d’autres, qui vient s’ajouter à l’accord de libre-échange entre la Chine et six des dix pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) – qui doit à terme être étendu à l’ensemble de la zone –, les rencontres entre ministres de l’Économie chinois, sud-coréen et japonais, ou encore les implications grandissantes de Beijing au sein de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC).
Si elle est légitime et même logique, cette participation de plus en plus active de la Chine dans les institutions économiques et commerciales asiatiques se traduit par des interrogations sur le changement de trajectoire des capitalismes dans les pays de la région. En d’autres termes, c’est le modèle capitaliste asiatique qui est exposé à des transformations profondes. La nature du régime politique chinois et l’implication de l’État-parti dans l’activité économique de ce pays sont ainsi au cœur de toutes les interprétations sur les conséquences dans les pays voisins. Au point de se demander si ce n’est pas un modèle chinois qui, à terme, pourrait s’imposer dans la région et repenser ainsi les règles du capitalisme. C’est sur la base de ces interrogations que cet ouvrage articule sa réflexion, en mesurant les effets de cette nouvelle donne et en cherchant à comprendre dans quelle mesure la montée en puissance chinoise est potentiellement déstabilisante ou inscrite dans une dynamique régionale.
Les contributions de cet ouvrage collectif, qui rassemble des experts économiques de l’Asie et des spécialistes des différents pays de la zone, apportent des éclairages précieux sur l’impact de la puissance chinoise dans les mécanismes régionaux, mais aussi et surtout à l’intérieur des sociétés, où les adaptations, voire les mutations, sont parfois inévitables. L’accent est ainsi mis sur des particularismes de secteurs économiques importants dans certains pays, comme l’Indonésie et la Malaisie, mais aussi sur l’exemple de Taiwan, traité sous l’angle de l’interdépendance grandissante avec la Chine et des implications économiques, sociales et politiques qui l’accompagnent. La deuxième partie du livre est, à ce titre, la plus éclairante, en ce qu’elle confronte l’hégémon chinois aux ajustements sociaux et même parfois institutionnels dans son environnement régional. Si l’on peut regretter de ne pas avoir plus de développements sur l’ensemble des pays de la zone – l’analyse de pays développés comme le Japon et la Corée du Sud serait, par exemple, précieuse –, ainsi que des réflexions sur les enjeux politiques qui se superposent aux réalités économiques, cet ouvrage collectif, qui s’inscrit dans une collection déjà riche de plusieurs travaux sur le même thème, n’en aborde pas moins un enjeu majeur et met en relief l’un des développements les plus importants des relations internationales contemporaines.
Si elle est légitime et même logique, cette participation de plus en plus active de la Chine dans les institutions économiques et commerciales asiatiques se traduit par des interrogations sur le changement de trajectoire des capitalismes dans les pays de la région. En d’autres termes, c’est le modèle capitaliste asiatique qui est exposé à des transformations profondes. La nature du régime politique chinois et l’implication de l’État-parti dans l’activité économique de ce pays sont ainsi au cœur de toutes les interprétations sur les conséquences dans les pays voisins. Au point de se demander si ce n’est pas un modèle chinois qui, à terme, pourrait s’imposer dans la région et repenser ainsi les règles du capitalisme. C’est sur la base de ces interrogations que cet ouvrage articule sa réflexion, en mesurant les effets de cette nouvelle donne et en cherchant à comprendre dans quelle mesure la montée en puissance chinoise est potentiellement déstabilisante ou inscrite dans une dynamique régionale.
Les contributions de cet ouvrage collectif, qui rassemble des experts économiques de l’Asie et des spécialistes des différents pays de la zone, apportent des éclairages précieux sur l’impact de la puissance chinoise dans les mécanismes régionaux, mais aussi et surtout à l’intérieur des sociétés, où les adaptations, voire les mutations, sont parfois inévitables. L’accent est ainsi mis sur des particularismes de secteurs économiques importants dans certains pays, comme l’Indonésie et la Malaisie, mais aussi sur l’exemple de Taiwan, traité sous l’angle de l’interdépendance grandissante avec la Chine et des implications économiques, sociales et politiques qui l’accompagnent. La deuxième partie du livre est, à ce titre, la plus éclairante, en ce qu’elle confronte l’hégémon chinois aux ajustements sociaux et même parfois institutionnels dans son environnement régional. Si l’on peut regretter de ne pas avoir plus de développements sur l’ensemble des pays de la zone – l’analyse de pays développés comme le Japon et la Corée du Sud serait, par exemple, précieuse –, ainsi que des réflexions sur les enjeux politiques qui se superposent aux réalités économiques, cet ouvrage collectif, qui s’inscrit dans une collection déjà riche de plusieurs travaux sur le même thème, n’en aborde pas moins un enjeu majeur et met en relief l’un des développements les plus importants des relations internationales contemporaines.