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Atlas du sport mondial. Business et spectacle : l’idéal sportif en jeu
Pascal Gillon, Frédéric Grosjean, Loïc Ravenel, Paris, Autrement, 2010, 80 p.
Donner une image du sport à travers ses géographies est un exercice difficile tant l’objet est multiple. P. Gillon, F. Grosjean, L. Ravenel, trois géographes chevronnés en prise avec le monde sportif, se sont confrontés à cette tâche, aidés dans leur travail par deux cartographes (D. Cassan et M. Benoit-Guyod).
L’ouvrage débute sur l’émergence des sports modernes à partir des jeux traditionnels. Reprenant les théories développées par Norbert Elias et Eric Dunning (Sport et Civilisation, la violence maîtrisée, 1986), les auteurs étudient le phénomène de diffusion du sport à partir de son berceau : le Royaume-Uni du XIXe siècle et de la Révolution industrielle.
Bénéficiant de la formation d’une économie mondiale et du développement des moyens de communication, le sport conquiert rapidement toute la planète, comme le montre une carte très éclairante intitulée « Les canaux de la mondialisation du sport au début du XXe siècle ».
Les auteurs évitent ensuite le piège qui consisterait à voir un développement homogène du sport. Pour cela, ils distinguent les voies de l’institutionnalisation du sport (fédérations, comité olympique…) de celles de ses pratiques, tantôt universelles avec le football, tantôt déclinées de manière régionale, à la lumière des sports de combat.
Le sport présente parfois une géographie qui lui est propre : l’Australie fait partie de la confédération asiatique pour la Fédération Internationale de Football Amateur (FIFA) tandis qu’Israël, la Turquie ou la Russie participent aux championnats européens des différents sports collectifs. Pour des raisons pratiques ou géopolitiques, la géographie du sport s’adapte. Depuis la dernière décennie du XXe siècle, elle est également profondément marquée par ses relations à l’argent et au monde du spectacle et des médias.
La forte portée géopolitique d’un grand événement sportif est mise en lumière à travers plusieurs cartes. Le sport peut ainsi servir de « vitrine nationale » à un pays en raison de sa dimension symbolique. Inversement, le bouleversement de la géopolitique mondiale se répercute immanquablement sur la géographie sportive, faite de déséquilibres, dont le principal s’opère selon l’appartenance aux pays riches ou aux pays émergents.
Pour compléter leur approche, les auteurs proposent diverses analyses cartographiées relatives à des questions éthiques ou financières. Un état des lieux sur le dopage est présenté (pays au cas de dopage le plus nombreux, principaux lieux de lutte, évolution des records en athlétisme ou de la vitesse moyenne au Tour de France…). Les problèmes de nationalité ou de flux migratoires liés au sport sont à leur tour envisagés avec un zoom sur l’Afrique. Enfin, des points de repère sur les flux financiers, le marketing (marques sportives) ou la fréquentation des stades mettent en évidence que l’argent est au cœur des processus d’évolution des pratiques sportives actuelles.
Au total, plus de 100 cartes ou diagrammes inédits permettent à cet atlas du sport mondial d’être aussi vivant que les sujets qu’il traite. La diversité du sport se reflète dans cet ouvrage, nourrissant la réflexion dans tous les domaines qu’il touche, de près ou de loin.
Bien au-delà des grands rendez-vous réguliers du sport (Coupe du monde de football, Jeux Olympiques), l’Atlas du sport mondial permet aussi de se pencher sur les pratiques individuelles non compétitives, considérant le sport comme une traduction de la culture d’un individu, d’une communauté ou d’un pays.