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Amérique latine Une Amérique latine toujours plus diverse
Georges Couffignal (sous la dir.) Paris, La Documentation française, 2010, 206 p.
Georges Couffignal, Directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL), publie un ouvrage collectif sur la situation des pays latino-américains en 2010. Ce véritable état des lieux donne à voir, au travers de onze contributions, un sous-continent tout en contrastes et en paradoxes.
La première partie, consacrée aux élections intervenues lors de l’année 2009, montre la vitalité des démocraties latino-américaines, comme l’illustre le cas chilien. Dans le même temps, la région est soumise à des tensions qui s’exercent soit entre les États (Pérou-Chili, Colombie-Venezuela, etc.) soit en leur sein. Le coup d’État survenu au Honduras le 28 juin 2009 est à ce titre un exemple révélateur : les facteurs de déstabilisation interne tels que les rapports de force entre les acteurs politiques ou les médias se conjuguent aux facteurs externes comme la faiblesse de l’Organisation des États américains. Dans tous les cas, on observe un désengagement relatif des États-Unis dont le flambeau du leadership régional ne peut pas être encore repris par le Brésil.
Les contributions de la deuxième partie portent sur le processus de mutation que traversent différents pays latino-américains. Ainsi, en Équateur, après une phase d’instabilité dans les années 1990, l’élection puis la réélection de Rafael Correa permettent-elles de consolider une politique réformiste visant à instaurer de nouvelles pratiques politiques et une nouvelle organisation institutionnelle. Le Mexique s’affirme pour sa part sur le plan international en devenant, avec l’Argentine et le Brésil, l’un des trois membres latino-américains du G20 mais il est en proie à une triple dépendance vis-à-vis du marché des États-Unis, de la rente pétrolière et des remesas (les transferts de fonds des migrants mexicains vers leur pays d’origine). Cette situation n’est pas sans conséquence politique et les élections législatives de 2009 montrent un retour du Parti révolutionnaire institutionnel sur le devant de la scène politique mexicaine et posent un grand point d’interrogation sur l’issue des prochaines présidentielles. En Argentine aussi, les pronostics en la matière sont difficiles à établir : les mobilisations des producteurs provinciaux se multiplient et le gouvernement a perdu sa majorité parlementaire lors des élections législatives de 2009. Le retour de Nestor Kirchner à la présidence et comme successeur de son épouse est donc loin d’être une certitude.
La troisième partie de l’ouvrage est consacrée aux rapports entre l’Amérique latine et le monde, notamment au travers d’une analyse de trente années de relations avec l’Europe. Après des débuts timides dans les années 1980, les deux régions ont tissé des liens de plus en plus étroits sous l’impulsion de l’Espagne et du Portugal, pour aboutir à « l’établissement d’un partenariat stratégique ». Toutefois, comme le souligne Georges Couffignal, la multiplication des sommets nuit à la lisibilité des actions concertées. Le rapport de l’Amérique latine au monde est également vu sous le prisme de l’art, en particulier le cinéma et la musique. On ne compte plus le nombre de festivals de cinéma latino-américain en Europe et aux États-Unis et les productions mexicaines et argentines connaissent un nouvel « âge d’or ». Il en est de même pour la musique latino-américaine qui déferle sur les ondes de tous les continents.
Enfin, la dernière partie est composée de vingt fiches qui présentent les faits marquants et les données générales, politiques et économiques de chaque pays latino-américain.