See English version below « Ça s’est passé comme ça ». Ceci...
Allende. C’est une idée qu’on assassine
par Thomas Huchon - Paris, Eyrolles, 2013, 224 p.
Si l’imaginaire collectif assimile le 11 septembre aux attentats commis contre les États-Unis, il s’agit de ne pas oublier celui de l’année 1973, qui vit le renversement du gouvernement socialiste de Salvador Allende par le général Augusto Pinochet. Ce coup d’État fut le point de départ d’une période éminemment sombre pour le pays, qui participa à plonger le continent dans une « guerre sale ».
En trois années à la tête du palais de la Moneda, S. Allende a durablement marqué l’histoire chilienne et, plus largement, celle du socialisme. À travers ses réformes, son style politique, le président déchu a été largement étudié. Pour autant, Thomas Huchon, journaliste, correspondant au Chili pour Le Parisien, Rue 89, ITélé et RTL, confesse dès les premières lignes de son ouvrage avoir toujours eu envie de savoir qui se cachait derrière l’homme d’État. Auteur d’un premier ouvrage, Salvador Allende. L’enquête intime, publié en 2010, il entend ici revenir tout à la fois sur le président mais aussi sur l’homme, afin de faire la lumière sur les critiques dont il a pu être l’objet. Le quarantième anniversaire de sa mort lui en a donné l’occasion parfaite.
Si le lecteur recherche dans cet ouvrage un examen académique, géopolitique pur, il restera indéniablement sur sa faim. Pour construire le portrait de celui que l’on surnommait « Chicho », T. Huchon délaisse récits historiques, télégrammes diplomatiques et dépêches de presse pour se concentrer sur les témoignages de ses proches. Au gré des rencontres et de témoignages inédits, ses compagnons de campagnes, sa secrétaire, ses amis livrent des éléments de compréhension sur l’homme, acteur comme spectateur de la vie politique du pays. La vie d’Allende est connue, celle de Salvador, pleine de contradictions, beaucoup moins. C’est bien cet aspect précis qu’entend explorer le journaliste. Le récit peut rappeler celui d’un carnet de voyage et le style indisposer les plus puritains. Il n’en demeure pas moins que l’ouvrage révèle une foule de détails et d’anecdotes qui, certes, ne prétendent pas éclairer la situation géopolitique du Chili d’hier et d’aujourd’hui, mais parviennent à lever une part du voile sur la personnalité du président S. Allende, à travers ses combats et ses contradictions. Si S. Allende est porteur d’un message socialiste sans pareil, promoteur d’une révolution politique inédite et pris comme modèle dans de nombreux pays, il évolue au cœur d’un échiquier politique national et international beaucoup plus large. Outre les contestations internes face aux réformes radicales qu’il met en œuvre au Chili, celui qui se fera renverser par un homme qu’il avait lui-même choisi comme commandant en chef de l’armée doit aussi faire face à l’hostilité de Washington qui voit, en pleine guerre froide, le Chili s’éloigner de sa zone d’influence.
Cet ouvrage, à travers la seule analyse de S. Allende, permet toutefois de souligner, en creux, les grands enjeux du Chili contemporain : la nécessité de reconnaître la dictature, et non un simple régime militaire, ainsi que la « guerre sale », et non une lutte contre les extrémistes. Au-dela de S. Allende, le journaliste souligne la schizophrénie de la population chilienne face à ce basculement, passage d’une révolution socialiste « en douceur » à l’instauration d’une dictature militaire douloureuse.
En trois années à la tête du palais de la Moneda, S. Allende a durablement marqué l’histoire chilienne et, plus largement, celle du socialisme. À travers ses réformes, son style politique, le président déchu a été largement étudié. Pour autant, Thomas Huchon, journaliste, correspondant au Chili pour Le Parisien, Rue 89, ITélé et RTL, confesse dès les premières lignes de son ouvrage avoir toujours eu envie de savoir qui se cachait derrière l’homme d’État. Auteur d’un premier ouvrage, Salvador Allende. L’enquête intime, publié en 2010, il entend ici revenir tout à la fois sur le président mais aussi sur l’homme, afin de faire la lumière sur les critiques dont il a pu être l’objet. Le quarantième anniversaire de sa mort lui en a donné l’occasion parfaite.
Si le lecteur recherche dans cet ouvrage un examen académique, géopolitique pur, il restera indéniablement sur sa faim. Pour construire le portrait de celui que l’on surnommait « Chicho », T. Huchon délaisse récits historiques, télégrammes diplomatiques et dépêches de presse pour se concentrer sur les témoignages de ses proches. Au gré des rencontres et de témoignages inédits, ses compagnons de campagnes, sa secrétaire, ses amis livrent des éléments de compréhension sur l’homme, acteur comme spectateur de la vie politique du pays. La vie d’Allende est connue, celle de Salvador, pleine de contradictions, beaucoup moins. C’est bien cet aspect précis qu’entend explorer le journaliste. Le récit peut rappeler celui d’un carnet de voyage et le style indisposer les plus puritains. Il n’en demeure pas moins que l’ouvrage révèle une foule de détails et d’anecdotes qui, certes, ne prétendent pas éclairer la situation géopolitique du Chili d’hier et d’aujourd’hui, mais parviennent à lever une part du voile sur la personnalité du président S. Allende, à travers ses combats et ses contradictions. Si S. Allende est porteur d’un message socialiste sans pareil, promoteur d’une révolution politique inédite et pris comme modèle dans de nombreux pays, il évolue au cœur d’un échiquier politique national et international beaucoup plus large. Outre les contestations internes face aux réformes radicales qu’il met en œuvre au Chili, celui qui se fera renverser par un homme qu’il avait lui-même choisi comme commandant en chef de l’armée doit aussi faire face à l’hostilité de Washington qui voit, en pleine guerre froide, le Chili s’éloigner de sa zone d’influence.
Cet ouvrage, à travers la seule analyse de S. Allende, permet toutefois de souligner, en creux, les grands enjeux du Chili contemporain : la nécessité de reconnaître la dictature, et non un simple régime militaire, ainsi que la « guerre sale », et non une lutte contre les extrémistes. Au-dela de S. Allende, le journaliste souligne la schizophrénie de la population chilienne face à ce basculement, passage d’une révolution socialiste « en douceur » à l’instauration d’une dictature militaire douloureuse.