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Afrique du Nord Moyen-Orient. La double recomposition
par Frédéric Charillon et Alain Dieckhoff (dir.) - Paris, La Documentation française, Mondes émergents, 2013, 190 p.
Si l’année 2011 a été largement commentée par les médias et les spécialistes du Moyen-Orient à la suite des révolutions arabes, l’année suivante a semblé marquée par une stabilité qu’il apparaît nécessaire d’analyser. Consacré à l’année 2012, l’ouvrage collectif dirigé par Frédéric Charillon, directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem), et Alain Dieckhoff, désormais directeur du Centre d’études et de recherches internationales (CERI), s’attelle donc à cette tâche, avec un canevas très large permettant de comprendre les problématiques régionales.
Cette mosaïque d’études de cas dresse les portraits de pays aux structures nationales très différentes dans un contexte en mutation. Le bouleversement géopolitique, politique et social des révolutions nécessite un bilan concernant les acteurs en présence, les nouveaux rapports de forces et les enjeux qui en découlent, et ce à trois échelles : régionale, méditerranéenne et internationale. Les lectures proposées tentent de dépasser les analyses classiques telles que l’axe chiite-sunnite ou encore la marginalisation stratégique croissante de la région. F. Charillon et A. Dieckhoff s’interrogent ainsi sur les impacts d’une « double recomposition » : d’un côté, du paysage politique, avec les changements de régimes qui ont impliqué l’arrivée au pouvoir d’un islamisme politique en Égypte et en Tunisie et la fragmentation des camps politiques traditionnels ; de l’autre, des équilibres régionaux, questionnant la stabilité – la question sécuritaire étant au premier plan –, la capacité de gouverner des nouveaux dirigeants ainsi que l’avenir des mouvements populaires transnationaux dans l’arène politique.
La méthode collaborative apporte un regard distancié sur le déroulement des événements de l’année 2012 afin de traiter au mieux les recompositions politiques et régionales. Le changement d’échelle, du national au régional, permet de mieux saisir les enjeux auxquels font face les acteurs locaux. L’article sur la Palestine met en exergue un processus qui mêle les conflits d’intérêts locaux (Hamas et Fatah) avec les luttes d’influences transnationales (Frères musulmans et diplomatie occidentale), débouchant sur les impasses dans lesquelles se trouvent les dirigeants palestiniens. Les études sur la Syrie, quant à elles, démontrent que les transformations locales ont d’importants impacts sur la politique internationale, le groupe islamiste Jabhat al-Nusra étant considéré comme « l’épouvantail » (p. 35) autonome qui immobilise l’action internationale.
Les révolutions arabes ont porté sur le champ politique deux nouveaux acteurs : l’islamisme politique dans toutes ses déclinaisons et les mouvements de protestation prenant d’assaut l’espace public. Sans les mettre au cœur du débat, on remarque que leurs places et leurs liens sont de plus en plus importants dans le processus décisionnel. Le cas de l’Égypte est significatif, l’année 2012 étant marquée par la confrontation entre ces deux acteurs : l’un souhaitant affirmer son pouvoir face à des institutions hostiles ; l’autre se portant garant de la révolution. De l’arrivée de ces deux nouvelles composantes découlent des situations politiques incertaines, que les chercheurs s’efforcent de clarifier.
Essentiellement fondé sur une lecture géopolitique des alliances transnationales et une étude politique des conflits entre les différents acteurs locaux, l’ouvrage soulève le lien intrinsèque entre ces échelles. Les articles balaient l’ensemble de la région, du Maroc au Qatar, de l’Algérie à l’Iran, en passant par la Tunisie, l’Égypte, la Syrie, Israël et la Palestine. Il est cependant regrettable de ne pas trouver d’études spécifiques des cas libyen et libanais, pourtant au cœur des problématiques soulevées et acteurs majeurs des équilibres régionaux.
Cette mosaïque d’études de cas dresse les portraits de pays aux structures nationales très différentes dans un contexte en mutation. Le bouleversement géopolitique, politique et social des révolutions nécessite un bilan concernant les acteurs en présence, les nouveaux rapports de forces et les enjeux qui en découlent, et ce à trois échelles : régionale, méditerranéenne et internationale. Les lectures proposées tentent de dépasser les analyses classiques telles que l’axe chiite-sunnite ou encore la marginalisation stratégique croissante de la région. F. Charillon et A. Dieckhoff s’interrogent ainsi sur les impacts d’une « double recomposition » : d’un côté, du paysage politique, avec les changements de régimes qui ont impliqué l’arrivée au pouvoir d’un islamisme politique en Égypte et en Tunisie et la fragmentation des camps politiques traditionnels ; de l’autre, des équilibres régionaux, questionnant la stabilité – la question sécuritaire étant au premier plan –, la capacité de gouverner des nouveaux dirigeants ainsi que l’avenir des mouvements populaires transnationaux dans l’arène politique.
La méthode collaborative apporte un regard distancié sur le déroulement des événements de l’année 2012 afin de traiter au mieux les recompositions politiques et régionales. Le changement d’échelle, du national au régional, permet de mieux saisir les enjeux auxquels font face les acteurs locaux. L’article sur la Palestine met en exergue un processus qui mêle les conflits d’intérêts locaux (Hamas et Fatah) avec les luttes d’influences transnationales (Frères musulmans et diplomatie occidentale), débouchant sur les impasses dans lesquelles se trouvent les dirigeants palestiniens. Les études sur la Syrie, quant à elles, démontrent que les transformations locales ont d’importants impacts sur la politique internationale, le groupe islamiste Jabhat al-Nusra étant considéré comme « l’épouvantail » (p. 35) autonome qui immobilise l’action internationale.
Les révolutions arabes ont porté sur le champ politique deux nouveaux acteurs : l’islamisme politique dans toutes ses déclinaisons et les mouvements de protestation prenant d’assaut l’espace public. Sans les mettre au cœur du débat, on remarque que leurs places et leurs liens sont de plus en plus importants dans le processus décisionnel. Le cas de l’Égypte est significatif, l’année 2012 étant marquée par la confrontation entre ces deux acteurs : l’un souhaitant affirmer son pouvoir face à des institutions hostiles ; l’autre se portant garant de la révolution. De l’arrivée de ces deux nouvelles composantes découlent des situations politiques incertaines, que les chercheurs s’efforcent de clarifier.
Essentiellement fondé sur une lecture géopolitique des alliances transnationales et une étude politique des conflits entre les différents acteurs locaux, l’ouvrage soulève le lien intrinsèque entre ces échelles. Les articles balaient l’ensemble de la région, du Maroc au Qatar, de l’Algérie à l’Iran, en passant par la Tunisie, l’Égypte, la Syrie, Israël et la Palestine. Il est cependant regrettable de ne pas trouver d’études spécifiques des cas libyen et libanais, pourtant au cœur des problématiques soulevées et acteurs majeurs des équilibres régionaux.