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25 Questions décisives : la menace nucléaire
Bruno Tertrais Paris, Armand Colin, 2011, 160 p.
Ancien directeur de la commission des affaires civiles de l’OTAN et ancien expert pour le ministère de la Défense français, Bruno Tertrais est actuellement Maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique.
Il se livre ici à une analyse en vingt-cinq points des enjeux, contemporains et à venir, de la menace nucléaire. Au-delà d’un enjeu géostratégique, le nucléaire constitue un défi. Pour un État, se doter de l’arme nucléaire répond bien souvent à des nécessités sécuritaires. À la source : la question de la maîtrise du savoir-faire. Une analyse des différents procédés éclaire le lecteur sur la possibilité des États de se doter de cette technologie. Là où la bombe A reste à la portée de tout pays nucléaire, la bombe H, thermonucléaire, nécessite un niveau de technicité et une expérience nettement plus avancés. Passer de l’expérimental au militaire n’est pas une mince affaire. À cela, l’auteur oppose le risque du développement du « marché noir » des technologies nucléaires, en prenant l’exemple du réseau Khan durant la Guerre froide. Ceci pose la question du transfert de technologie, où les frontières entre la légalité et l’illégalité sont difficiles à tracer, en particulier concernant le cas de la Chine et de la Corée du Nord.
De nombreux outils sont mis à la disposition des États et des organisations internationales dans le domaine de la surveillance de la prolifération nucléaire. L’Organisation des nations unies a mis en place l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en 1957 afin de favoriser les utilisations civiles du nucléaire. Elle surveille que les engagements pris par les signataires du Traité de non-prolifération et de l’accord de garanties sont respectés. Bien que l’AIEA ait renforcé l’intensité de ses vérifications, le développement dissimulé du programme nucléaire en Irak reste un témoignage des difficultés rencontrées lors de celles-ci. L’auteur cite l’exemple de l’Iran, dont le programme nucléaire serait officiellement civil, mais pour lequel il n’y a, selon lui, que très peu de doute qu’une utilisation militaire est en préparation. Malgré un cadre juridique qui s’étoffe, que faire lorsque les règles ne sont pas respectées : négocier, sanctionner, intenter une action militaire ou bien envisager le sabotage… ?
À l’échelle mondiale, l’équilibre de la terreur est à la fois une stratégie sur laquelle chaque État est contraint de compter, et une chimère. Bien que chaque gouvernement possédant la bombe nucléaire soit tacitement supposé apte à en prendre la pleine mesure, que se passerait-il en situation de crise politique extrême ? Et si des groupes terroristes s’emparaient de cette technologie ? L’auteur répond qu’il n’est pas certain que cela ait un impact aussi important que nous pouvons le croire, du fait du haut niveau de technicité requis, et de l’action de lutte particulièrement développée menée par les États-Unis.
L’arme nucléaire reste au cœur des enjeux géostratégiques mondiaux, et en limiter la prolifération peut permettre de maintenir une relative stabilité. L’auteur termine son ouvrage en remettant en question la véritable volonté de l’Europe à s’imposer sur la scène internationale.
Bruno Tertrais nous livre un ouvrage optimiste, mettant en lumière les rapports de force exercés par les puissances nucléaires telles que l’Inde, Israël, la Chine ou le Pakistan, et les nouvelles tendances. Autant cet ouvrage permet-il de produire une vision claire et structurée de la situation, autant certaines parties peuvent paraître succinctes.