21.11.2024
Venezuela : « Les trois prochaines semaines vont être décisives pour l’avenir du pays »
Presse
8 juillet 2017
On est actuellement dans une phase où chacun campe sur ses certitudes dans la perspective des élections constituantes du 30 juillet. L’opposition refuse de participer à ce vote qu’elle qualifie de non constitutionnel alors que pour le gouvernement, c’est la seule sortie de crise possible. Cela conduit à l’opposition frontale de deux lignes qui ne peuvent qu’escalader dans la violence. La dynamique actuelle est un non-dialogue et une montée en puissance de la violence. C’est une spirale qui va devenir de plus en plus difficile à bloquer. On peut penser que le mois de juillet sera difficile pour le Venezuela.
Un coup d’État militaire est-il possible ?
On peut difficilement faire aujourd’hui un coup d’État militaire comme on en faisait dans les années 1970. Les régimes qui essaient de se maintenir tentent de trouver des formules comme au Brésil, lorsque la présidente Dilma Rousseff a été écartée par le Parlement.
Au Venezuela, en mars, le Tribunal suprême de justice prétendait s’arroger le pouvoir législatif avant d’être contraint à faire marche arrière.
La dernière grande trouvaille est la convocation d’une assemblée constituante. On ne comprend pas bien à quoi sert la manœuvre sinon à neutraliser le pouvoir législatif existant. Nicolas Maduro sait très bien que, si des élections ouvertes et transparentes avaient lieu en ce moment, l’opposition gagnerait. Ce serait la répétition des élections législatives de décembre 2015.
La contestation à l’égard de Nicolas Maduro remonte à son élection en 2013 qu’il avait remportée de justesse ?
Nicolas Maduro n’avait pas l’aura d’Hugo Chavez et c’est vrai qu’il a été élu de justesse. Sous l’effet d’une forte crise économique et sociale, la base sociale de Nicolas Maduro s’est réduite. Aujourd’hui, environ les deux tiers de la population soutiennent l’opposition, un tiers le gouvernement.
Quelle peut être l’issue ?
Plus la violence monte, plus des voix s’élèvent pour dire qu’il faut trouver un terrain de compromis. Un pan historique du chavisme, comme la procureure générale Luisa Ortega, refuse la consultation du 30 juillet, qui pourrait s’apparenter à un coup d’État institutionnel.
Concernant le référendum du 16 juillet organisé par l’opposition, le gouvernement a fait savoir qu’il le considérerait comme une forme de coup d’État. On est plutôt dans la dynamique de tirs croisés. L’accident pourrait survenir très vite. Les consultations du 16 et du 30 juillet sont très rapprochées, cela veut dire que les trois prochaines semaines vont être décisives pour l’avenir du Venezuela. Tout ce qui va se passer au cours du mois de juillet, pourrait avoir des conséquences déstabilisatrices pour les pays voisins qui ont déjà du mal à gérer les migrants économiques venus du Venezuela.
Propos recueillis par Anne-Sophie Thill pour La Croix.