19.12.2024
« Macron a réussi son entrée »
Presse
1 juin 2017
On peut dire que oui. Il a dû se plier à des figures imposées, le sommet de l’Otan comme celui du G7. Il y avait, par ailleurs, une figure libre qui était la venue de Poutine en France. Concernant ce jeune président qui n’avait pas l’expérience sur les questions stratégiques, dans la mesure où sa spécialité était plutôt les questions économiques, on peut dire que son entrée en matière a été réussie. Elle a d’ailleurs été saluée comme telle, non seulement par la presse française mais aussi par la presse étrangère.
La très longue poignée de main entre Donald Trump et Emmanuel Macron illustre-t-elle que le nouveau président de la République française est prêt à avoir un bras de fer avec le président des États-Unis ?
C’est une image, un symbole. Trump a voulu prendre symboliquement l’ascendant sur son jeune homologue français, en montrant qui était le plus fort. Il s’agissait d’une sorte de défi machiste. Macron a répondu à sa façon qui a consisté à ne céder ni à la provocation, ni à la pression.
De notoriété publique, Macron n’était pas le candidat préféré du Kremlin. La semaine écoulée modifie-t-elle la relation entre Paris et Moscou ?
Macron était, parmi les candidats à la présidentielle française, celui qui avait le plus de réserves à l’égard de Poutine. Il était celui qui était le plus attaqué par les médias russes. Mais, une fois qu’il est devenu président, Moscou est passé à autre chose. Macron se réfère à la ligne gaullo-mitterrandiste. De Gaulle avait instauré un dialogue avec l’Union soviétique, alors qu’il ne partageait pas les valeurs de l’URSS. Il pensait que c’était l’intérêt de la France et de la paix.
Macron est passé sur les attaques dont il a été l’objet pendant la campagne, pour saisir l’opportunité et se distinguer de François Hollande qui avait refusé de recevoir Poutine, l’an dernier, lorsque celui-ci était prêt à venir pour l’inauguration de la cathédrale orthodoxe de Paris. Macron, lui, a pris le risque de recevoir Poutine, malgré l’impopularité du patron du Kremlin. En le recevant, Macron a prouvé qu’il pouvait être fort. À cette occasion, il a dit au président russe un certain nombre de choses que Poutine n’était pas habitué à entendre.
Emmanuel Macron attache une grande importance au renforcement de l’Union européenne. Peut-il être, demain, le leader d’une nouvelle Europe ?
Leader non, mais il peut être co-leader de l’Europe avec Angela Merkel. Même si le couple franco-allemand ne suffit plus, il est toujours indispensable. La France seule, l’Allemagne seule ne sont pas suffisantes pour démarrer quelque chose. Au niveau de l’Europe, il va y avoir un redémarrage. On va appuyer sur le bouton « start » de la coopération franco-allemande, qui avait connu des hauts et des bas au cours des deux derniers quinquennats.
Cela devrait permettre de repartir, parce qu’il y a l’appétit de Madame Merkel qui appelle les Européens à prendre leur destin en main. Si ce doit être le cas, ce ne peut être une Europe allemande, mais une Europe où le couple franco-allemand jouera un rôle moteur.