20.11.2024
Brexit : Provoquer des élections anticipées présente des risques sur le plan intérieur
Presse
20 avril 2017
Pour rappel, la première ministre n’a pas été élue, elle a été choisie en 2016 par le parti conservateur, au terme d’un processus de sélection relativement anarchique, dans lequel elle a été perçue comme la candidate la plus stable et la plus sûre.
Elle n’était pas favorable au Brexit. Elle était en soutien de la campagne du « remain » et a dû faire preuve du zèle de la convertie. Actuellement, elle est dans une situation où elle dispose d’une majorité peu confortable – seulement 17 sièges –, même si l’opposition est faible. Elle doit par ailleurs se forger un mandat populaire pour mener à bien ses réformes au niveau intérieur, et sa négociation avec l’union européenne, d’où ces élections anticipées.
À l’inverse, si elle n’avait pas avancé le calendrier et alors qu’il y a de plus en plus de membres de son parti qui ne sont pas défavorables à la sortie du Royaume-Uni de l’UE en 2019 sans accord, tel un partenaire lambda, les conséquences seraient considérables pour la Grande Bretagne. Les élections ne devant avoir lieu qu’en 2020, cela ne lui laisserait que peu de temps pour montrer les effets positifs du Brexit, et donc se faire réélire.
Des élections anticipées au 8 juin 2017, lui laissent plus de marge politique pour se faire réélire en 2022. D’autant que l’UE va renouveler ses équipes au conseil et à la commission européenne en 2019. Il est donc possible que la bataille pour prendre la tête du conseil et de la commission se passe en même temps que le Brexit, ce qui peut affecter les négociations du côté de l’UE.
En termes arithmétiques, elle devrait gagner assez largement ces élections, d’autant qu’elle a une cote de popularité importante. Mais le risque existe que ces élections anticipées redonnent du souffle au camp anti Brexit qui peut se remobiliser avec le soutien des jeunes et des Écossais. Si le parti national écossais (SNP) garde tous ses sièges en Écosse, il aura une légitimité populaire pour appeler à un deuxième référendum pour l’indépendance.
Provoquer des élections anticipées paraît logique et rationnel, mais cela présente des risques sur le plan intérieur. C’est donc aussi un coup de poker. Le problème est que depuis le référendum sur le Brexit, on a l’impression de naviguer à vue, et que ces coups de poker peuvent avoir des conséquences historiques, pas seulement pour l’avenir du Royaume-Uni, mais aussi pour l’Union européenne. »