18.12.2024
« Mahmoud Ahmadinejad souhaite montrer qu’il peut encore exister politiquement »
Presse
13 avril 2017
Avec cette annonce, Mahmoud Ahmadinejad s’aligne sur les personnages politiques imprévisibles qu’on a pu observer ces derniers temps. Sa candidature, en contradiction avec la promesse qu’il avait faite au guide suprême, est un défi aux autorités. Si, dans son discours, il annonce vouloir soutenir son ancien vice-président Hamid Baghaie et respecter ainsi son engagement auprès de Khamenei, la réalité est tout autre. Il a franchi la ligne rouge, et cette offensive obéit à un calcul profondément individuel. Mahmoud Ahmadinejad souhaite en fait s’emparer d’un espace politique laissé vacant. Muni de sa casquette de populiste, il se positionne encore une fois contre la corruption, contre l’establishment. Il souhaite montrer que la candidature de son ancien vice-président Hamid Baghaie n’était qu’une substitution à la sienne et qu’il peut encore exister politiquement.
Quelles seront les conséquences de cette candidature sur la scène politique iranienne ?
La candidature de Mahmoud Ahmadinejad doit encore être validée par le Conseil des gardiens de la Constitution, le conseil veillant à la fidélité des candidats aux idéaux révolutionnaires. Le guide suprême peut d’ailleurs jouer de son influence et veiller à ce que la candidature de l’ancien président ne soit pas validée. Les relations entre les deux hommes s’étaient déjà dégradées à la fin du mandat de l’ancien dirigeant qui avait tenu un discours de plus en plus nationaliste. Si Ahmadinejad obéit à sa stratégie officielle, il peut penser que, même si sa candidature est invalidée, les autorités ne pourront pas invalider celle de Hamid Baghaie. Mais cette hypothèse reste bancale compte tenu du passé de l’autre candidat, emprisonné sept mois en 2015.
Quel est l’avenir politique de Mahmoud Ahmadinejad ?
Mahmoud Ahmadinejad compte jouer sur la base sociale iranienne la plus défavorisée, celle qui l’avait fait élire en 2005. En prenant le contre-pied des politiques de libéralisation économique amorcées par son successeur, il se fait promoteur de la justice sociale et du revenu universel. Une partie de la population adhère à cette rhétorique et se reconnaît dans la personnalité d’Ahmadinejad, « l’homme du peuple ».
Mais il ne faut pas oublier que cette couche sociale ne représente pas l’ensemble de la population. Aujourd’hui, l’ultraconservateur est détesté par les jeunes et la classe urbaine moyenne. Les jeunes le détestent du fait de son insensibilité aux questions de démocratie et de défense des libertés individuelles. La classe moyenne exècre son nationalisme exacerbé. C’est d’ailleurs pour ces mêmes raisons que le guide suprême l’avait empêché de mener campagne. D’un autre côté, Ahmadinejad n’est pas du tout populaire au sein de son clan. Durant son second mandat, les conservateurs avaient vivement critiqué sa politique économique. Aujourd’hui, ils ont leur propre candidat, Ebrahim Raissi, à la tête du « Front populaire des forces de la révolution islamique », nouveau groupe créé en décembre dernier. Face à ces difficultés, difficile d’envisager un avenir politique pour ce personnage controversé.