12.11.2024
En quoi la politique française de défense participe-t-elle de la course à l’armement ?
Presse
28 mars 2017
Nul besoin de définir le concept qui a marqué les relations internationales pendant plus de quarante années… En effet, la sécurité et la stabilité mondiales ne relèvent pas que du « hard power » (pour employer un mot à la mode) ou de seuls moyens de coercition. Dans la durée, elles s’inscrivent dans un cadre plus large d’incitations ou de désincitations. Sans tomber dans l’idée naïve que le commerce est un facteur de paix (puisqu’il peut aussi être un facteur de guerre via la prédation des ressources), les liens commerciaux entre les pays accroissent le coût de la guerre et en réduisent donc l’intérêt. Par ailleurs, la violence est proportionnelle à l’inégalité et inversement proportionnelle au développement économique. Il n’y a pas de bonnes recettes pour développer un pays ou plutôt faire profiter à tous de l’amélioration des conditions de vie ou pour réduire les inégalités, mais force est de constater que ces objectifs ne sont absolument pas évoqués, par aucun de nos politiques, dans les enjeux sécuritaires. Quid de l’aide publique au développement ? Quid des dépenses d’éducation et de la formation ? Quid des moyens dédiés à la réduction de l’inégalité ou à l’insertion ?
Et pourtant, ce fut bien la recette de l’intégration européenne et l’un de ses plus grands succès (trop rarement évoqué d’ailleurs) ! Outre la paix (celle-ci est plus souvent citée, même si on en sous-estime l’importance et la sensibilité), la construction européenne a accru la sécurité de chacun en même temps qu’elle améliorait notablement son niveau de vie. Rappelons-nous ce qu’était la France au sortir de la Seconde Guerre mondiale, sans parler de l’Espagne, de la Grèce ou même beaucoup plus récemment de la Pologne ou de la Roumanie… Jamais, en Europe, nous n’avons été autant en sécurité, et ce, malgré le terrorisme et sans vouloir minimiser le drame qu’il constitue pour les familles des victimes et la peur qu’il fait naître en chacun d’entre nous. Tellement en sécurité que les entreprises doivent former leurs expatriés à ce propos avant leur départ !
Par contre, l’Union européenne, pour en revenir aux dépenses militaires, a probablement souffert d’un manque d’investissement des États dans la défense européenne et nul doute qu’une politique européenne de défense aurait été logique et cohérente face aux risques actuels, porteuse de stabilité et peut-être moins dispendieuse que 27 politiques nationales. Elle nous aurait laissé une plus grande autonomie pour articuler sécurité, politique de défense, politique étrangère et aide au développement, éducation, réduction des inégalités… Il n’est peut-être pas trop tard. »