ANALYSES

« Si la justice n’est pas universelle, ce n’est pas la justice »

Presse
30 mars 2017
Interview de Pascal Boniface - Infos-Dijon
Le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) est à Dijon ce samedi, à l’occasion de la première édition des Internationales de Dijon. La ville de Dijon et l’institut se sont associés pour lancer ce colloque avec des personnalités très diverses, de Pierre Joxe à Lilian Thuram. Pascal Boniface répond aux questions d’infos-dijon.

Pourquoi les Internationales à Dijon et pas ailleurs, puisque vous organisez des évènements ailleurs qu’à Paris, comme les entretiens d’Enghien ?

J’étais venu à Dijon faire une conférence, il y a environ un an, pendant la semaine de l’Europe. A cette occasion, j’ai discuté avec Sladana Zivkovic (adjointe au maire de Dijon déléguée aux relations internationales, ndlr) et François Rebsamen à cette occasion. Dijon est devenue, aujourd’hui, une métropole régionale à vocation internationale. Pour l’Iris, c’est intéressant de ne pas rester dans Paris mais d’aller également dans des grandes villes comme Dijon, qui ont un tissu universitaire et associatif très développés.

Vous intervenez sur la justice internationale. Question provocatrice mais peut-on imaginer un jour un George W. Bush ou un Nicolas Sarkozy, traduits devant la Cour Pénale Internationale (CPI), ou est-ce réservé aux chefs d’Etat africains…?

C’est bien le problème. Le fait que la CPI poursuive des chefs d’Etat est une bonne nouvelle, cela veut dire plus de justice. Mais pour l’instant, la CPI ne s’adresse uniquement qu’aux pays africains. Donc ces pays, on a vu l’exemple récent de l’Afrique du Sud, s’en retirent. Alors que les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies sont protégés ainsi que leurs alliés. Or, si la justice n’est pas universelle, ce n’est pas la justice.

Dans votre dernier livre (Je t’aimais bien tu sais, Le monde et la France : le désamour?, éditions Max Milo, janvier 2017), vous parlez du «désamour», notamment des pays arabo-musulmans pour la France. Attendez-vous une inflexion de la politique étrangère de la France et avec quel candidat ?

Il faut attendre de savoir qui sera élu le 7 mai prochain. D’ailleurs jusque-là, les différents candidats se sont un peu exprimés mais on est encore dans le flou. Il n’y a pas suffisamment de débats sur la politique étrangère et le climat ambiant est plus tourné sur les affaires et les personnes.
Alors que celui qui sera élu sera quand même en charge de définir l’action internationale de la France. Je remarque qu’Emmanuel Macron semble vouloir garder Jean-Yves Le Drian (ministre de la Défense de François Hollande, ndlr)….

L’Iris peut-il jouer un rôle pour réconcilier le Moyen-Orient et l’Occident ?

A l’Iris, nous n’avons pas l’orgueil de le penser. Je reviens de 10 jours en Chine et j’essaye d’expliquer la politique étrangère française. Nous ne sommes pas pas décideurs, on essaye de faire comprendre. Avec la France, nous avons aussi des contrats avec les ministères mais aussi des relations de personne à personne, afin également de créer des contacts informels.

Et à plus petit niveau, des rendez-vous comme les Internationales de Dijon peuvent informer les citoyens sur le monde complexe qui les entoure ?

Je peux me tromper mais je fais le pari qu’il y aura du monde, pour avoir l’habitude de me rendre en province dans les régions où je suis invité. Les gens s’intéressent beaucoup à la géopolitique, à condition qu’on en parle clairement et que l’on évite le jargon des pseudos spécialistes.
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