ANALYSES

L’armée manque-t-elle de moyens ?

Presse
5 janvier 2017
Interview de Sophie Lefeez - Pélerin
« Il existe de vrais besoins de renouveler certains matériels anciens. En 2014, le général Pierre de Villiers expliquait déjà devant les députés : « II n’y a plus de gras dans nos armées, on attaque le muscle ». II n’avait pas tort.

Mais je pense aussi que l’armée, avec les ressources dont elle dispose, a trop mis l’accent sur l’équipement. II existe d’autres facteurs qui mènent à la victoire l’organisation, la tactique, la doctrine ou encore le moral des troupes. Ce dernier facteur est essentiel. Certains soldats me disent qu’ils ont passé leurs deux derniers Noël loin de leur famille. D’autres ne voient leurs proches que trois mois dans l’année. Beaucoup sont usés.

Dans le même temps, l’armée fait face à des coûts technologiques de plus en plus élevés. Elle a choisi d’avoir un matériel polyvalent. Le Rafale, par exemple, peut aussi bien être un avion de chasse qu’un bombardier. Mais cela a un prix. Le coût d’entretien par heure de vol d’un Rafale est de 14596 euros II faut prendre garde à un éventuel surdimensionnement des équipements.

A côté de ce matériel de pointe, certains soldats n’ont plus de papier hygiénique dans les casernes, ou doivent parfois acheter leurs propres piles pour leur équipement. Quand on commence à faire des économies là-dessus, c’est mauvais signe.

Il faut réfléchir à ce qu’est une armée puissante avant de se poser la question des investissements. L’histoire militaire a montré que la supériorité technique, si elle est très utile, n’est pas absolument nécessaire. La décision de fabriquer un matériel de plus en plus sophistiqué répond à des choix stratégiques. L’armée souhaite protéger de la mort le plus de soldats possible. Elle veut aussi être précise lorsqu’elle vise l’ennemi et désire recueillir un nombre croissant d’informations. Tout cela a un coût satellites, drones. Mais ce matériel ne sert à rien sans un minimum de personnel. »
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