21.11.2024
Russie : « Les sanctions américaines ne servent pas à grand chose »
Presse
31 décembre 2016
Il agit en fonction du résultat de la présidentielle américaine, et du hacking russe qu’il incrimine. La période de transition jusqu’à la prise de fonction de Donald Trump, le 20 janvier, est très courte. Il veut marquer son territoire, montrer qu’il est un président encore actif. C’est son testament diplomatique, auquel on peut ajouter la résolution de l’ONU contre la colonisation israélienne.
A quoi servent ces sanctions ?
Barack Obama veut indiquer au peuple américain que la Russie est une menace, lui qu’on accuse d’avoir manqué de fermeté et de leadership, notamment au sein du camp républicain. Mais ces sanctions ne servent pas à grand chose. Donald Trump reviendra sans doute dessus, en acceptant un nombre identique de nouveaux diplomates russes [accusés d’être des agents de renseignement] – il peut difficilement faire revenir ceux qui ont été expulsés sans attaquer frontalement les services secrets américains. Vladimir Poutine a d’ailleurs choisi de ne pas expulser de diplomates américains en représailles, de montrer un visage calme, car il pense qu’in fine ses diplomates reviendront outre-Atlantique.
Cet acte pèsera-t-il sur Trump ?
Non, car on est plutôt dans le spectaculaire, pas dans l’irréversible. On ne parle pas ici de sanctions économiques contre la Russie, que Donald Trump souhaite d’ailleurs lever, prenant de court les Européens. Barack Obama peut également lancer de nouvelles actions de hacking et d’espionnage contre la Russie, mais rien de nouveau. Les Américains se plaignent qu’on fait à leur détriment ce qu’eux-mêmes font aux autres. Or ils se sont déjà ingérés dans la politique de certains pays, notamment des voisins de la Russie.
Revient-on au temps de la guerre froide ?
Non, il n’y a pas deux blocs comme à l’époque, avec deux budgets militaires équivalents. On projette sur le présent les figures du passé. La Russie n’aura jamais la même puissance, son territoire a été considérablement réduit depuis la guerre froide. Poutine est conscient que le bloc soviétique a explosé car il était trop grand. Sa politique en Syrie commence d’ailleurs à avoir un prix, d’où le besoin pressant d’une sortie de crise pour se concentrer sur la Crimée. C’est ce qui compte vraiment pour l’opinion publique russe et pour lui-même.
Propos recueillis par Camille Neveux