18.11.2024
Objectif Lune : Europe 1, Etats-Unis 0, Chine 0,5
Presse
28 décembre 2016
Il ne faut pas voir les missions sur la Lune comme pouvant avoir une « rentabilité » directe et immédiate.
L’idée de trouver sur notre satellite des minéraux rares, de les exploiter et de les ramener sur Terre a été quelquefois présentée. Il ne semble pas qu’il existe de telles réserves dont, de plus, la rentabilisation économique paraît inaccessible. On a aussi pensé à la création d’une base permanente habitée qui ferait fonctionner des mini-usines. Celles-ci, en profitant de la très faible pesanteur et de quelques autres particularités du contexte lunaire (température, pression…) pourraient procéder à quelques fabrications commercialisables. Là aussi, la rentabilité paraît inaccessible.
Construire une base permanente sur la Lune serait davantage à même de présenter un intérêt scientifique, en y implantant un observatoire qui, dégagé des contraintes liées – entre autres – à l’atmosphère terrestre, pourrait permettre de mieux étudier l’univers. L’apport des instruments d’observation basé dans l’espace est déjà très important, mais la construction d’une structure lunaire permettrait de s’affranchir des contraintes liées à l’utilisation d’un satellite artificiel. La Lune pourrait aussi servir comme base de lancement pour d’autres missions d’exploration plus lointaines.
Si les Etats Unis ont effectivement abandonné les vols habités vers la Lune, ils ne s’en sont pas désintéressés pour autant. Le Projet Constellation, lancé en 2004, prévoyait le développement de moyens spécifiques pour permettre des vols habités de longue durée à partir de 2020. Il est rentré en concurrence avec les projets d’exploration martienne. Etant donné les limitations du budget de la NASA et de certains problèmes techniques, le Président Obama a procédé à un arbitrage et terminé ce programme en 2010. Il en reste quand même le vaisseau Orion, qui redonnera aux Etats-Unis un successeur des navettes spatiales, capable de transporter et d’héberger pendant trois semaines un équipage de quatre personnes au-delà des orbites terrestres basses. Le premier vol avec un équipage devrait avoir lieu en 2020. L’arbitrage d’Obama laisse le champ libre à la concurrence sur la Lune, mais il serait facile d’y revenir et, d’ailleurs, la NASA continue d’envoyer de temps en temps des orbiteurs autour de notre satellite. Mais la quasi exclusivité donnée à Mars permet surtout, en économisant les moyens, de laisser les Etats Unis en tête dans la prestigieuse course à l’espace, en effectuant la première mission habitée en direction d’une autre planète.
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Comment se déclinent les efforts de l’Union européenne en matière d’exploration de la Lune ?
L’Union européenne n’est pas le moteur de la politique spatiale en Europe. Celle-ci est principalement confiée à l’Agence spatiale Européenne, qui comprend actuellement 22 pays, dont 2 (Norvège et Suisse) ne font pas partie de l’Union. Les grandes priorités de l’Agence, telles qu’elles sont officiellement définies, sont le programme Copernicus d’observation de la Terre (28% du budget) et Galileo (et son complément Egnos) de positionnement par satellite. L’UE, de son côté, est plus directement responsable de l’Organisation européenne pour l’exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT).
Les Etats-Unis pourraient-ils reconsidérer leurs priorités dans le domaine du spatial ? Une association entre le « village sur la lune » de l’Agence spatiale européenne et la Nasa pourrait-elle voir le jour ? Quels en seraient les bénéfices ?
L’idée de construire un « village sur la Lune » a été émise en mars 2016 par le directeur de l’Agence spatiale européenne. A ce jour, ce n’est qu’une piste de réflexion, qui n’a pas encore reçu de financements conséquents. Un tel village pourrait remplacer, dans beaucoup de ses fonctions, la Station Spatiale internationale. Il n’aurait cependant de viabilité que s’il était le fruit d’une coopération entre tous les grands acteurs de la conquête de l’Espace. Pour le moment, les coopérations avec les Etats-Unis sont surtout orientées vers Mars, qui demeure la priorité de la NASA.
Les Européens sont impliqués dans diverses recherches, en particulier sur les robots explorateurs et sur les modules de service qui feront partie des missions américaines vers Mars. Ces recherches seront mises à profit dans les prochaines années pour des missions dont la vocation première est la préparation des missions martiennes, mais qui auront lieu autour et sur la Lune.