14.11.2024
JO 2016 : l’exclusion des athlètes russes maintenue
Presse
17 juin 2016
Les athlètes russes ne pourront pas participer aux prochains JO de Rio. Quel peut-être l’impact de cette décision sur un plan sportif mais aussi politique ?
Sur un plan sportif, les choses peuvent peut-être encore un peu évoluer pour certains athlètes russes. En début de semaine prochaine, le Comité international Olympique (CIO) doit se réunir pour statuer sur le sort des athlètes qui, individuellement, peuvent être considérés comme « propres » et non impliqués dans une affaire de dopage.
Une hypothèse évoquée est que ces sportifs puissent participer aux JO sous la bannière olympique. Tout comme vont le faire, par exemple, des sportifs considérés comme des réfugiés. Si cette solution devait être retenue, cela serait un soulagement pour ces athlètes qui n’ont rien à se reprocher. Mais cela resterait un coup pour la diplomatie sportive russe.
Pour quelle raison ? Et pourquoi le sport est-il aussi important pour Vladimir Poutine ?
Ces derniers jours, la Russie a vraiment pesé de tout son poids pour tenter d’influencer la Fédération internationale d’athlétisme. Le ministre des sports lui a envoyé une lettre ouverte pour lui affirmer que tout avait été fait pour lutter contre le dopage. Et ces dernières heures, Vladimir Poutine lui-même est monté au créneau.
Pour lui, la suprématie dans le domaine du sport mondial est tout sauf anecdotique. Le sport lui permet d’abord de montrer que son pays est capable d’organiser des grands événements qui vont retenir l’attention du monde entier. On a vu à quel point Poutine s’est battu pour obtenir l’organisation des JO d’hiver de Sotchi en 2014 puis à la Coupe du monde de football de 2018. Ensuite, on voit bien que le président n’est jamais avare de compliments pour tous les sportifs russes qui gagnent des médailles.
En mettant en avant la puissance de l’organisation russe et en glorifiant les exploits de ses athlètes, Vladimir Poutine veut-il envoyer un message au reste du monde ou à son opinion publique nationale ?
Les deux en fait. C’est intéressant d’analyser la manière dont le sport a été considéré en Russie depuis le début du XXe siècle. Pendant la première partie du siècle, le sport n’était pas très bien vu par les dirigeants de l’URSS. Le sport était considéré comme une activité largement bourgeoise.
Et puis, après la guerre, dans les années 1950, les responsables soviétiques ont compris le poids de la géopolitique du sport et l’écho de compétitions comme les JO. Et il y a une instrumentalisation du sport avec l’idée qu’il fallait participer à toutes ces compétitions. À une condition : gagner et surtout ne pas y faire pâle figure.
C’est ce virage qui a conduit à la mise en place d’un dopage d’État ?
Oui et cela a duré très longtemps. Le rapport de l’Agence mondiale anti-dopage, dévoilé en novembre, a bien montré l’existence d’un dopage très organisé y compris avec l’implication des services secrets russes. Et ce rapport ainsi que plusieurs enquêtes des chaînes de télévision allemande montrent que le pouvoir politique russe ne pouvait ignorer la réalité de ces pratiques de dopage.
Cette géopolitique du sport avait des enjeux très fort, notamment entre l’URSS et les États-Unis, notamment lors de la guerre froide. Mais aujourd’hui, est ce qu’on mesure la puissance d’un pays aux performances de ses sportifs ?
Oui, on l’a encore constaté lors des JO de Pékin en 2008. À la fin de la compétition, tout le monde s’est demandé qui avait « gagné » les Jeux en regardant les tableaux des médailles. La Chine a mis en avant le fait que ses athlètes avaient remporté au final le plus grand nombre de médailles. Mais les États-Unis ont riposté en affirmant que la véritable suprématie était liée au nombre de médaille d’or remportés. Et que, dans ces conditions, c’était les athlètes américains qui s’étaient montrés les meilleurs.
Recueilli par PIERRE BIENVAULT pour La Croix