ANALYSES

Donald Trump, la revanche isolationniste ?

Cravate rouge vif, costume sombre, Donald Trump martèle son message : Make America great again. Que l’Amérique retrouve sa grandeur ! Le discours prononcé le 27 avril devant le Center for national interest, un think-tank de Washington relativement peu connu, avait pour thème la politique étrangère.

Alors que Trump se rapproche, primaire après primaire, de la candidature républicaine à la présidentielle américaine de novembre, son langage devient plus précis. Certes, les anathèmes continuent à succéder aux imprécations, mais le discours de l’homme d’affaires devenu homme politique rappelle une idéologie qui avait depuis longtemps disparu.

Argument clé : depuis soixantequinze ans environ, les États-Unis d’Amérique « sauvent » la planète et ne reçoivent rien ou presque en retour. L’ordre international libéral ne bénéficierait donc pas à son créateur principal. L’Asie ? Des alliés ingrats, tels la Corée du Sud ou le Japon, qui ne paient pas suffisamment pour leur propre défense et qui bénéficient d’une présence militaire américaine à bon prix, malgré leur situation économique florissante.

L’Europe ? Des partenaires qui se sont longtemps cachés derrière l’Amérique, y compris dans le financement de l’Otan – alors même que cette dernière est censée les défendre en cas de guerre.

« Il apprécie Poutine et la Chine… »

Le monde arabe ? De mauvais coucheurs. Ils ont laissé les radicaux prospérer avec la bénédiction des derniers présidents américains, en particulier Barack Obama qui a commis la double faute d’avoir négligé Israël et favorisé l’émergence d’une nouvelle grande puissance : l’Iran. Ce pays pourrait développer l’arme nucléaire et devenir un danger pour les États-Unis. Mais, heureusement, un président Trump « éradiquera l’État islamique ».

Sur le plan économique au moins, les États-Unis bénéficient du capitalisme qui domine le monde ? Que nenni ! Les derniers présidents n’ont fait qu’augmenter les dépenses militaires et diplomatiques (y compris en Irak), ce qui a freiné la croissance du pays.

La vérité est évidemment que les États-Unis tirent, depuis longtemps, de nombreux avantages de leurs bases militaires à l’étranger, mais Donald Trump le répète : il veut mettre fin à ces alliances, à moins qu’elles ne soient rémunérées au juste prix. L’isolationnisme trumpien se retrouve également dans les questions commerciales. Aucun des accords signés ou négociés par les administrations récentes ne trouve grâce à ses yeux. Pas même l’accord de libre-échange nord-américain qui bénéficierait davantage au Mexique (l’une de ses bêtes noires, avec l’Islam).

L’une des particularités de Donald Trump est aussi son goût pour certains régimes autoritaires. Comme celui de Vladimir Poutine (ce dernier lui rend la pareille), ou même celui de Xi Jinping, en Chine, « un pays qui respecte la force » et avec lequel il entend repartir sur de nouvelles bases « après que l’Amérique se fut laissée dominer économiquement ».

Donald Trump continue sa campagne pour restaurer le pouvoir de l’Amérique, et surtout en faveur d’un protectionnisme qui fleure bon le XIXe siècle. Mais il répète à qui veut l’entendre que les États-Unis doivent dominer et notamment poursuivre leur domination militaire. Avis aux amateurs, mais le langage utilisé a de quoi inquiéter. Ce serait peut-être la fin de l’ordre international établi depuis les accords de Yalta en 1945.
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