L'édito de Pascal Boniface

Les think tanks, la France et l’IRIS

Édito
28 janvier 2016
Le point de vue de Pascal Boniface
Comme chaque année, l’Université de Pennsylvanie publie son classement mondial des think tanks.

Les laboratoires d’idées, plus communément appelés « think tanks », ont depuis plusieurs années eux aussi leur classement annuel, le Global Go To Think Tanks de l’Université de Pennsylvanie, dirigé par le Professeur James McGann. Il constitue le répertoire le plus complet sur les think tanks de tous les pays. Il est élaboré à partir de la contribution de plus de 4750 experts, universitaires, décideurs politiques, représentants d’ONG, think tanks, de toutes les nationalités.

Depuis plusieurs années, l’Université de Pennsylvanie a choisi l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) pour participer au lancement mondial de son classement le 27 janvier. Une marque de reconnaissance de la qualité de son travail reconnu à l’international.

Que nous apprend le rapport Global Go To Think Tank sur l’état de la recherche stratégique dans le monde, et en France en particulier ?

Ce ne sont pas moins de 6 846 think tanks qui sont recensés à l’international : 1 931 en Amérique du Nord (dont 1 835 pour les seuls Etats-Unis) ; 1770 en Europe ; 1262 en Asie, 774 en Amérique centrale et en Amérique du Sud ; 615 en Afrique Sub-saharienne ; 398 en Afrique et au Moyen-Orient ; 96 en Océanie.

Si la France est au rang de 6e contributeur en termes de nombre de think tanks (180 recensés), seuls 19 arrivent à se positionner au sein de ce classement mondial. Et la France se place derrière les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni, l’Inde et l’Allemagne. Si l’on constate une reconnaissance croissante des pouvoirs publics français sur le rôle de ses think tanks et de leur potentiel en tant que vecteur de l’influence française à l’international, force est de constater que cela reste encore trop limité et que l’on peut faire mieux. La concurrence des think tanks anglophones limite la place de leurs homologues français dans le débat stratégique international à un moment où l’influence et le débat d’idées prennent une place de plus en plus importante. Si les gouvernements reconnaissent l’importance d’un réseau de think tanks pour faire porter une voix française à l’étranger, les moyens pourtant ne suivent pas. La France risque de se marginaliser dans le monde des think tanks qui lui aussi se multipolarise.

Et l’IRIS ?

Les résultats de l’IRIS au sein du classement Global Go To Think Tanks 2015 sont très encourageants.
Malgré un budget plus restreint et des subventions bien moindres que ceux de ses pairs sur les questions internationales et stratégiques, l’IRIS arrive à s’imposer dans le peloton de tête des think tanks français recensés dans la catégorie « Europe de l’Ouest » et y progresse de cinq places (44e place cette année, 49e place l’année précédente). En tout, ce sont 14 think tanks français qui arrivent à s’imposer dans cette catégorie.

Il est le deuxième centre français (31e place) devant l’IFRI et derrière l’EUISS (organisme classé Français car basé à Paris mais il s’agit de l’agence de l’Union européenne consacrée aux questions stratégiques) au sein de la catégorie « Défense et sécurité nationale ».

L’IRIS est également classé 26e derrière l’IFRI (9e) dans la catégorie « Politique étrangère et affaires internationales ». Et dans la catégorie « Meilleure conférence », on note une forte progression de l’IRIS qui se positionne désormais à la 43e place (52e l’année dernière). Quant à l’IFRI, il demeure à la 29e place comme en 2014. Ces deux centres sont les seuls représentants français dans cette catégorie.

L’IRIS apparaît dans quatre catégories différentes ce qui est une très bonne performance puisque seuls trois autres centres français font mieux ou équivalent.

Par ces bons résultats, l’IRIS est la preuve qu’originalité de pensée et indépendance face aux pouvoirs sont payantes et permettent de rayonner sur la scène internationale et nationale.
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