18.11.2024
Un budget de la défense japonais toujours en expansion face aux menaces
Tribune
4 janvier 2016
Les dépenses de défense fixées à 5050 milliards de yens (39,6 milliards d’euros) connaissent ainsi la quatrième hausse consécutive depuis que le Premier ministre Shinzo Abe a pris ses fonctions en décembre 2012 et a mis fin à une baisse de dix ans de ces dépenses.
Sous le leadership de M. Abe, la coalition au pouvoir en septembre a poussé la Diète japonaise (parlement) à adopter une législation, d’ailleurs très contestée, qui permet aux militaires de combattre à l’étranger, pour la première fois depuis la défaite du pays dans la Seconde Guerre mondiale, pour défendre un allié menacé, mais dans des conditions qui restent restrictives en raison des préventions pacifistes nippones.
La croissance des frais de personnel stimulent les dépenses de défense parce que les salaires du secteur public ont été à la hausse, poussés par des salaires plus élevés dans le secteur privé.
En matière d’équipement, les achats importants dans ce budget 2016-2017 comprennent :
173 milliards de yens pour un navire Aegis équipé de missiles antibalistiques
108 milliards de yens pour six avions de combat F-35A
103 milliards de yens pour 17 hélicoptères de patrouille SH-60K. Est prévu aussi l’achat d’unités de véhicules d’assaut amphibie AAV7. En revanche, le gouvernement a réduit l’acquisition d’avion de transport Osprey, construit par Boeing et Bell Helicopter, à quatre unités au lieu de 12 initialement prévues après que les dépenses d’entretien ont été estimées à plus élevées qu’au départ.
L’épineuse question de Funtenma
Le budget comprend enfin un financement accru pour le réalignement des troupes américaines au Japon. Le cabinet japonais alloue 59,5 milliards de yens pour couvrir les coûts de la relocalisation prévue de la base aérienne de l’US Marine Corp située à Funtenma sur l’île méridionale d’Okinawa, dans l’archipel des Ryu-kyu. Un chiffre qui se compare aux 24,4 milliards de yens alloués pour l’exercice en cours. Les États-Unis et le Japon ont convenu en 1996 de fermer Funtenma et déplacer ses fonctions ailleurs sur l’île. Cependant, la relocalisation est au point mort en raison de l’opposition des habitants d’Okinawa, hostiles aux nuisances multiples (bruit, pollution et criminalité) provoquant un vif ressentiment envers ce qu’ils considèrent comme un fardeau injuste du pacte de sécurité nippo-américain (1960).
Les dépenses d’équipement traduisent aussi les tensions auxquelles doit faire face Tokyo, que ce soit les menaces de missiles nord-coréens ou les incursions maritimes chinoises. La querelle territoriale avec la Chine est toujours vive sur le groupe d’îlots de la mer de Chine orientale que sont les Senkaku/Dioyu. Les navires et aéronefs de patrouille militaire des deux pays s’approchent régulièrement les uns des autres, attisant les craintes d’une collision accidentelle qui pourrait déclencher un affrontement. Un navire des garde-côtes chinois équipé, semble-t-il, de quatre tourelles de tirs a été repéré à proximité des îlots administrés par le Japon sous le nom de Senkaku et revendiqués par Pékin sous celui de Diaoyu, en mer de Chine orientale. Des vedettes de garde-côtes chinois sont régulièrement présentes dans les environs de ces îlots inhabités et disputés, mais c’est la première fois, a dit à un porte-parole de la garde-côte japonaise, qu’un vaisseau chinois armé est aperçu dans le secteur.
Par ailleurs, le budget de la défense permettra aussi de poursuivre l’effort de recherche dans certains domaines de pointe. C’est ainsi que le prototype du chasseur de cinquième génération ATD-X Shinshin (« Dieu de l’esprit » en japonais) vient d’être dévoilé. Le premier vol de l’avion est prévu pour début 2016, après quoi l’ATD-X sera remis aux forces aériennes d’autodéfense du Japon pour des essais plus approfondis. Long de 14,2 mètres et d’une envergure de 9,1 mètres, le chasseur est propulsé par deux moteurs XF5-1 dotés d’un système de contrôle vectoriel de poussée. L’ATD-X Shinshin est équipé de la toute nouvelle technologie d’autorécupération du contrôle de vol en cas de dommages sur les éléments aérodynamiques – l’ordinateur de bord sera capable d’identifier les problèmes et de corriger le travail des éléments intacts de manière à rétablir entièrement la contrôlabilité du chasseur. La conception de cet avion de pointe a coûté 325 millions de dollars au budget militaire japonais.