ANALYSES

Attaque à l’arme chimique : « Théoriquement possible mais difficile à mettre en œuvre »

Presse
20 novembre 2015
Que pensez-vous de l’annonce faite par Manuel Valls devant l’Assemblée ?
Je crois qu’il s’agit surtout d’avertir, ce qu’on n’avait peut-être pas assez fait après les attentats de janvier : avec des terroristes qui sont susceptibles d’aller plus loin dans les moyens utilisés, qui veulent aller vers une étape supérieure dans le mouvement de terreur, c’est une possibilité à avoir à l’esprit. Le gouvernement semble vouloir faire prendre conscience aux gens qu’on est entré dans une période – qui va durer – de risque très élevé, où la menace est bien réelle. Cependant, cela ne signifie pas pour autant que des signes de préparation d’une telle attaque ont été détectés.

Pourtant, des informations indiquaient cet été que Daesh serait en possession d’armes chimiques…
C’est vrai qu’en Syrie, il est possible qu’ils aient récupéré des stocks de gaz moutarde détenus par le régime. Mais s’ils ont récupéré des stocks, ils n’ont pas les composants pour créer de telles armes – gaz sarin, gaz moutarde, gaz de chlore, VX… Or, celles qu’ils ont récupérées sont déjà militarisées, destinées à être utilisées dans des obus. Et ne sont utilisables que comme ça. Il faut le bon « packaging » en quelque sorte.

Y a-t-il déjà eu des attaques de ce type par des terroristes ?
On se souvient de l’attaque au gaz sarin par la secte Aum dans le métro de Tokyo, au Japon en 1995. L’enquête avait établi qu’ils avaient mis en place tout un système pour fabriquer ces armes au Japon même. Mais le nombre de morts avait été relativement limité (12 tués, 50 blessés graves), car, pour faire beaucoup de victimes, une arme chimique a besoin à la fois d’une grosse concentration et de conditions de diffusion optimales, qui dépendent de la climatologie, du vent…
La question importante à se poser à propos des armes chimiques c’est : que peut-on en faire ? Quand on réussit à faire 130 morts avec peu de moyens (une dizaine d’hommes et des kalachnikovs), pourquoi vouloir se compliquer la tâche en utilisant des armes chimiques ? Il est théoriquement possible qu’un groupe terroriste passe à l’arme chimique, mais en pratique, c’est assez difficile à mettre en œuvre.

Et en ce qui concerne les armes bactériologiques ?
C’est encore moins probable, du fait de la difficulté de fabrication, de l’obligation de disposer d’un laboratoire…
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