27.11.2024
La politique étrangère française à l’épreuve du terrorisme djihadiste
Presse
19 novembre 2015
La participation active de la France au sein de la coalition internationale bombardant les forces de Daech en Irak et en Syrie s’inscrit néanmoins dans un mouvement plus large caractéristique de l’évolution de la politique française au Moyen-Orient : un interventionnisme militarisé inspiré par la matrice idéologique des néoconservateurs. Ainsi, le président François Hollande s’est lancé dans une série de conflits armés, dans lesquels la France se trouve encore militairement engagée, et en reprenant à son compte la rhétorique néoconservatrice de la « guerre contre le terrorisme » qui a été la marque de fabrique idéologique de l’administration de Bush (2000-2008). Des dirigeants politiques et intellectuels français n’hésitent plus à user de cette rhétorique manichéenne et simpliste. Le phénomène est transpartisan et ne concerne pas seulement les mouvements d’extrême-droite. La gauche au pouvoir n’hésite plus à parler d’islamo-fascisme ou à se déclarer engagée dans une « guerre de civilisation »…
Toutefois, l’actuel exécutif français n’est pas l’instigateur de ce tournant interventionniste et néoconservateur. A leur arrivée au pouvoir en mai 2012, les socialistes ont poursuivi la politique interventionniste de Nicolas Sarkozy, dont le quinquennat restera marqué par l’opération en Libye qui a abouti à la chute du régime de Mouammar Khadafi, certes, mais surtout à la diffusion du chaos dans le pays, et au-delà, à la montée en puissance des forces djihadistes dans la région saharienne. La politique étrangère de M. Hollande n’a fait qu’accélérer et qu’intensifier cette ligne directrice, ce tournant, symbolisé par la décision d’intervention militaire française au Mali (12 janvier 2013). Cette stratégie marque une rupture avec la traditionnelle ligne gaullo-mitterrandienne de la diplomatie française, alors impulsée à l’Élysée et mise en œuvre au Quai d’Orsay depuis le début de la Ve République. Même si l’urgence appelle décision et action, la prise de recul devrait amener à instiller une « dose prudentielle » dans la stratégie française, car déclarer vertement la « guerre contre le terrorisme » c’est s’engager dans une guerre permanente, continue, sans fin, dont les ressorts ne sauraient se résumer à une simple donne sécuritaire et militaire…