18.11.2024
Visite de Xi Jinping au Royaume-Uni : rêves croisés de grandeur
Tribune
22 octobre 2015
Côté britannique, c’est en effet un rêve de grandeur passée qui s’exprime à l’occasion de cette visite, la première d’un dirigeant chinois au Royaume-Uni depuis une décennie. Actuellement très isolé au sein de l’Union européenne au point de voir son influence faiblir, et empêtré dans un Brexit que Cameron n’avait sans doute pas prévu de devenir un handicap plus qu’un atout, le Royaume-Uni a besoin de la Chine. Au point d’en rajouter un peu quand le Premier ministre annonce que « je pense que c’est aussi une grande victoire pour la Chine d’avoir accès à un pays qui est un membre de premier plan de l’UE et qui jouit de nombreux autres contacts et rôles à travers le monde ». Un besoin de reconnaissance comme l’un des principaux partenaires européens de Pékin, un besoin d’investissements aussi. Cameron a compris que la baisse de la croissance chinoise se traduit par une hausse des investissements de la Chine à l’étranger, avec pour objectif de la relancer. Pékin multiplie ainsi les investissements dans les infrastructures, et Londres y voit une opportunité de servir sa propre croissance, qui reste très fragile. C’est sans doute cette dynamique qui a justifié le choix du Royaume-Uni de rallier l’AIIB (Banque asiatique d’investissements dans les infrastructures), avant les autres pays européens, et contre les recommandations de Washington. Londres a volontairement pris les devants pour afficher ses ambitions d’une coopération élargie avec la Chine, et avec comme objectif de bénéficier des investissements chinois au même titre que les pays en développement.
Notons enfin que la question des droits de l’Homme est, comme de coutume désormais lorsque le dirigeant chinois est en visite officielle, totalement absente des discussions. Lors d’une visite en Chine le mois dernier, le ministre britannique des Finances, George Osborne, avait d’ailleurs annoncé la couleur en s’efforçant de convaincre les entrepreneurs chinois d’investir au Royaume-Uni tout en ayant, selon l’expression dûment choisie par les médias chinois, la « bienséance » de ne pas insister sur les droits de l’Homme.