06.11.2024
« Les pays africains ne peuvent pas soutenir ce coup d’État au Burkina Faso »
Presse
18 septembre 2015
Tous les pays de la région regardent attentivement ce qui se passe au Burkina Faso. L’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont condamné ce coup de force et réclamé la libération du président Kafando et de son gouvernement. Mais je ne vois pas l’Union africaine intervenir militairement comme elle l’a fait par exemple aux Comores.
On ne peut imaginer que le coup d’État a pu avoir lieu sans le consentement de l’ancien président déchu Blaise Compaoré. À ce titre, certains pays peuvent être tentés de le soutenir en sous-main ou de proposer leurs services pour négocier. Des présidents, au Burundi, au Rwanda, en République démocratique du Congo ou au Congo Brazaville, où vont avoir lieu des élections présidentielles, vont rester discrets dans leur condamnation. Comme Blaise Compaoré, ils se voient en président à vie.
Ce qui se passe à Ouagadougou pose la question des « coups d’État constitutionnels » (1) . Un tel scénario a été empêché au Burkina Faso, à la suite de manifestations d’une très grande maturité, parce que ni ethniques, ni religieuses.
Le président Compaoré a dû renoncer en janvier 2015 à se maintenir au pouvoir. Le Burkina Faso a alors mérité sa renommée de « Pays des hommes intègres ».
Et la Côte d’Ivoire où résidait Blaise Compaoré ?
Le président ivoirien Alassane Ouattara est très lié à Blaise Compaoré – qui résidait après son éviction à Abidjan. Il a tenté d’imposer le président du Bénin comme médiateur de la crise.
Pour autant, Alassane Ouattara ne peut que condamner ce coup d’État. Une élection présidentielle va avoir lieu le mois prochain dans son pays,à laquelle il se représente. Les sondages le donnent favori, mais il ne peut risquer de ternir l’image démocratique qu’il est en train de se forger vis-à-vis de la communauté internationale.
La France qui stationne au Burkina Faso des Forces spéciales dans le cadre de l’opération Serval, peut-elle intervenir ?
Le président Hollande a « fermement » condamné le coup d’État rappelant qu’« il ne peut pas y avoir de légalité avec des putschistes ». Lors de la crise avec Blaise Compaoré, la France avait rapidement soutenu le processus démocratique. Paris a laissé jouer le « printemps africain », lequel aujourd’hui est menacé au Burkina Faso par ce coup d’État ».