13.12.2024
Israël. Netanyahu refuse le projet de résolution française: une absence de volonté de paix
Édito
26 juin 2015
Masquer l’absence de volonté de paix
Benjamin Netanyahou a déclaré, avant la visite de Laurent Fabius :
« Le seul moyen de parvenir à un accord, c’est à travers des négociations bilatérales et nous rejetterons avec force toute tentative qui viserait à nous imposer des diktats internationaux. »
Pendant la conférence de presse commune avec Laurent Fabius, il a réitéré :
« Monsieur le ministre des Affaires étrangères, la paix ne viendra que des négociations directes entre les parties, sans conditions préalables. Il ne viendra pas de résolutions de l’ONU imposées de l’extérieur. »
À première vue, la réponse semble pertinente. Un accord est toujours plus solide et durable s’il est conclu par ceux qui se combattaient. Mais, en réalité, c’est un écran de fumée uniquement destiné à masquer – bien mal – l’absence de volonté de paix.
Depuis que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), à la fin des années 80, a choisi de renoncer à la voie militaire, pour opter pour l’approche diplomatique, les différentes négociations israélo-palestiniennes n’ont abouti à rien. Les multiples plans, propositions, acceptés ou non par les parties, n’ont jamais débouché.
On peut même penser que la situation des Palestiniens s’est dégradée depuis le début des années 90, par rapport à ce qu’elle était lors de la signature des accords d’Oslo. L’absence de perspective politique donne des arguments à ceux qui prônent la violence.
Deux raisons expliquent facilement la non-survenance d’un accord de paix. D’abord, une absence de volonté du pouvoir israélien, depuis l’assassinat d’Yitzhak Rabin, à parvenir à un accord juste et durable.
Dans la bouche de Netanyahou, qui avant les élections avait déclaré ne pas vouloir reconnaître un État palestinien, négocier est une simple manière de gagner du temps. Pendant, les négociations, l’occupation et la répression continueront. On peut négocier sans fin. Ensuite, le déséquilibre des forces : il y un puissant et un faible, un occupant et un occupé.
Lorsqu’on regarde les exemples étrangers, on note que le fait de donner aux protagonistes la responsabilité exclusive, sans intervention extérieure, de mettre fin au conflit ne peut pas déboucher sur une solution pacifique et rapide, surtout lorsque le rapport de force est disproportionné. Et que généralement les Occidentaux n’acceptent pas cet argument.
Si on devait appliquer ailleurs la méthode Netanyahou, y compris pour des conflits qui durent depuis bien moins longtemps que le conflit israélo-palestinien, on aboutirait à de curieux résultats.
Les Occidentaux auraient pu dire que l’affrontement entre l’Ukraine et la Russie est une affaire bilatérale et qu’il valait mieux que la communauté internationale ne s’en mêle pas pour permettre aux deux protagonistes de trouver une issue. Ce n’est pas la voie qu’ils ont choisie.
De même, ils n’ont pas laissé les Serbes et Kosovars – alors que pourtant il reconnaissait la souveraineté de la Yougoslavie sur le Kosovo – régler entre eux le différend qui les opposait. Ils ont même été jusqu’à bombarder la Yougoslavie et reconnaître, contrairement à leurs positions initiales, l’indépendance du Kosovo.
Dans les années 1990, ils n’ont pas laissé Serbes et Croates, ou Serbes et Bosniaques, régler de façon bilatérale leur conflit. Les mêmes qui d’ailleurs militent aujourd’hui pour une non-intervention étrangère, afin de ne pas gêner le bon déroulement des négociations israélo-palestiniennes, étaient les plus vindicatifs pour demander une intervention militaire à l’époque.
Le refus d’une intervention internationale est en l’occurrence plus le prétexte à une prolongation du conflit qu’à une recherche sincère de son règlement.
En l’absence de la mise en place d’un véritable processus politique, la question n’est pas de savoir si les affrontements violents vont reprendre, mais quand.