20.11.2024
L’Iran, l’opportunité que les entreprises françaises ne doivent pas manquer
Presse
16 juin 2015
Une embellie après une période de récession
Cette ouverture intervient alors que l’environnement macroéconomique s’améliore. Du fait des sanctions bilatérales américaines et européennes – depuis 2011, les exportations pétrolières ont reculé de 50 % et les banques européennes ont refusé de travailler avec le pays, ce qui a conduit à un quasi arrêt des importations en provenance de l’UE -, l’Iran a enregistré une récession en 2012 (-6,6 %) et en 2013 (-1,9 %), ainsi qu’une très nette accélération de l’inflation qui a atteint 35 % en 2013 après un pic de 21 % en 2011 (source : FMI). Depuis, la croissance a rebondi à près de 3 % en 2014 et l’inflation a ralenti (+15,5 % en avril 2015), du fait d’un renforcement de la monnaie iranienne, le rial, sur le marché noir, induit par un plus grand optimisme lié aux négociations sur le nucléaire. Néanmoins, l’économie, très dépendante des revenus pétroliers (à l’origine de 55 % des recettes budgétaires), a été touchée de plein fouet par l’effondrement du prix du pétrole depuis la mi-2014. Une levée des sanctions devrait donc avoir un impact limité si le prix du pétrole restait bas. A plus long terme, la possibilité pour les entreprises iraniennes d’importer des biens intermédiaires et d’équipement relancerait l’activité. Ceci sera indispensable pour répondre aux attentes de la population : le chômage serait, selon certaines estimations officielles, proche des 20 %.
Un secteur public qui domine
La concurrence s’annonce rude. Les entreprises chinoises, sud-coréennes ou indiennes ont profité du retrait forcé des entreprises européennes pour gagner des parts de marché. Quant aux entreprises américaines, elles préparent activement leur retour. Pour pénétrer ce marché, il importe d’abord de bien choisir son partenaire. L’économie iranienne est dominée par le secteur public (80 % du PIB). L’Etat iranien est donc un point de passage obligatoire dans tous les secteurs stratégiques (énergie, eau, électricité, transport). Les cadres du secteur public sont souvent des ingénieurs bien formés, qui ont pour priorité le développement du « made in Iran ». Le secteur privé (très souvent des entreprises familiales) peut également être un partenaire intéressant, notamment dans les secteurs où il est très présent comme l’agro-alimentaire et le BTP. On rencontre en Iran de véritables entrepreneurs qui ont développé des qualités de dynamisme et de résilience du fait d’un environnement difficile. En outre, le gouvernement d’Hassan Rohani veut clairement accroître le poids du secteur privé, notamment pour réduire le chômage. Il existe d’autres acteurs sur le marché iranien qui se situent entre le public et le privé. Les Fondations sont des organisations que l’on peut diviser en deux catégories. Les Fondations religieuses sont chargées de gérer les waqfs (dons faits par les croyants à des fins sociales). La plus puissante d’entre elles, l’Astan-e Qods gère le sanctuaire de l’Imam Reza à Machad. Cette Fondation, qui est devenue l’organisation économique la plus puissante de l’Est de l’Iran, possède des dizaines d’entreprises, des biens immobiliers et gère une zone économique spéciale. Par ailleurs, il existe des Fondations créées après la révolution de 1979 pour gérer les biens confisqués aux proches du régime précédent. La plus puissante, la Fondation des Déshérités, possède des entreprises dans tous les secteurs d’activité, des jus de fruit à la banque. Ces Fondations sont indépendantes par rapport au gouvernement, ne paient pas d’impôts et ne rendent des comptes qu’au Guide Suprême, Ali Khameini. Enfin, les Pasdaran, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, gèrent également de nombreuses entreprises actives notamment dans les secteurs de la construction et des télécommunications. Le président Rohani, s’il veut développer le poids du secteur privé, devra donc limiter l’influence économique des Fondations et des Pasdaran, ce qui s’annonce difficile.
Etre présent pour faire la différence
Le marché iranien devrait donc être bientôt ouvert aux entreprises françaises. Il n’y a sans doute pas beaucoup de marchés aussi proches géographiquement et où il y a une réelle demande pour des partenariats avec des entreprises françaises. Néanmoins, il faut impérativement que ces dernières soient le plus présentes possible sur ce marché (où le fait d’être sur place reste déterminant), pour reconstituer leurs réseaux ou en créer de nouveaux. Une chose est sûre, leurs concurrentes américaines, allemandes, chinoises, italiennes ou indiennes ne vont pas les attendre…