Un militant propalestinien arrêté par le Raid après un canular : ce procédé est effrayant
Un responsable d’une association juive chez lequel les forces de sécurité débarquent en nombre et de façon violente, défoncent sa porte, le molestent et l’embarquent de force, cela rappelle de mauvais souvenirs.
C’est ce qui est arrivé, le 9 juin, à Pierre Stambul, vice-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Mais apparemment, cela a peu ému les médias et le milieu politique. Silence radio.
Le 9 juin au matin, à 1h30, le Raid a en effet débarqué à son domicile et a utilisé le protocole pour neutralisation de terroriste retranché et armé. Du très lourd pour un paisible citoyen.
Pierre Stambul serait-il la nouvelle victime du dénommé Ulcan ? C’est une hypothèse envisagée. Cette intervention faisait suite à un appel téléphonique reçu par la police, informant que la femme de Pierre Stambul venait d’être tuée. Ulcan a utilisé ce procédé de nombreuses fois. Pierre Haski en a été victime. Plus grave encore, à force d’harcèlements de ce type, le père du journaliste Benoit Le Corre est mort de crise cardiaque.
Israël et la France entretiennent d’excellentes relations, malgré la présence massive de l’extrême-droite au sein du gouvernement israélien et le désaccord majeur sur le conflit israélo-palestinien. On pourrait ainsi penser que la justice française pourrait facilement obtenir des autorités israéliennes l’extradition de ce criminel, ou du moins qu’il cesse ses actions. Que nenni !
Cette intervention pose plusieurs questions : même en cas d’assassinat, l’intervention du Raid se justifie-t-elle ? Pourquoi avoir emmené Pierre Stambul, alors que sa femme était à ses côtés et manifestement vivante ? Pourquoi, par la suite, avoir mené une garde à vue de plus de sept heures? Comment se fait-il que les policiers ne connaissaient pas l’identité de ce militant pacifiste ?
Ceci est en fait un acte clairement antisémite, car c’est bien parce que Pierre Stambul est juif qu’on s’est attaque à lui. Ou plutôt, c’est parce que Stambul est juif et qu’il est critique de la politique du gouvernement israélien, ce qui pour des gens est inadmissible, et nourrit sa haine dévastatrice.
Si un autre responsable communautaire avait subi un tel désagrément (le mot est faible) de la police, sans doute aurait-il été reçu au plus haut niveau, et les médias auraient fait leur une de cet événement. Là, peu d’échos, juste les réseaux sociaux qui en ont rendu compte. Un juif qui est critique à l’égard de Netanyahou serait-il moins défendable ? L’accusation d’antisémitisme serait-elle recevable que pour les juifs qui défendent le gouvernement Netanyahou et serait-elle irrecevable pour ceux qui le critiquent ?
Pourquoi, alors que responsables et médias se plaignent, à juste titre, de l’assimilation entre juifs français et israéliens, n’évoque-t-on jamais l’action de l’UJFP (Union juive française pour la paix), qui justement montre la diversité de la communauté juive française et casse, par ses actions, cet amalgame dangereux ?
Le lendemain, c’est toujours en pleine nuit au domicile de Jean-Claude Lefort, député honoraire et ancien président de l’Association France Palestine Solidarité, que les forces de l’ordre débarquent pour des motifs identiques. Lui n’a eu droit qu’à la BAC mais, heureusement, il n’était pas chez lui. Ce sont les voisins qui ont été dérangés.
Le climat est de plus en plus pestilentiel. On ne peut pas admettre que ceux qui, en raison de convictions universalistes, et quelles que soient leurs origines, puissent être soumis à de telles attaques.