À Mantes-la-Ville, le FN réduit le budget de son club de foot : la fraternité est attaquée
C’est au final un bel hommage que Cyril Nauth, le maire Front national de Mantes-la-Ville, a rendu au FC Mantois, en diminuant de plus de trois quart la subvention municipale (77.000 euros en 2013, 60.500 en 2014, 15.000 en 2015), avant, probablement, de la supprimer l’an prochain.
Un vivre ensemble qui dérange l’élu frontiste
Cette décision est dans la logique de son parti. Un club qui réunit 1.000 licenciés où races, couleurs, croyances, convictions et milieux sociaux sont mélangés et cohabitent harmonieusement, comme le sont généralement les clubs de football, où les cinquante éducateurs font baisser les tensions, inculquent par l’exemple et le concret des valeurs républicaines et fraternelles aux licenciés, et notamment aux plus jeunes, ne peut pas correspondre à la vision de la société d’un maire Front national.
Ce vouloir vivre ensemble est développé partout dans les clubs de football. Dans une ville difficile comme Mantes, c’est encore plus important. On comprend que cela dérange un élu frontiste.
L’équipe première évolue en CFA (quatrième niveau national), la subvention représente 10% du budget du club, qui est la fusion du club des villes. La ville de Mantes-la-Jolie et de Buchelay ont laissé intactes leurs subventions de 100.000 et 14.000 euros annuels.
C’est ce symbole de la fraternité dans ce sport populaire que le Front national veut attaquer. Cela devrait d’ailleurs faire réfléchir tous ceux qui ont l’habitude de présenter le football comme forcément réactionnaire ou comme l’opium du peuple.
Ce sont toujours les pouvoirs les plus répressifs qui s’attaquent à ce facteur d’intégration. En Afghanistan sous les talibans, en Somalie sous les Shebab, on en interdit la pratique. À Mantes-la-Ville, on coupe les vivres pour la rendre plus difficile.
La disparition de ce club serait une catastrophe
Il n’est pas question d’avoir une vision irénique du football car il y a des dérives, mais globalement, son apport à la société est fondamentalement positif. Sans ce maillage de club, où éducateurs, bénévoles et licenciés partagent la même passion, notre société irait beaucoup plus mal. À Mantes, le club fait beaucoup pour que les rapports sociaux et humains s’améliorent. Sa disparition serait une catastrophe.
Les dirigeants du FC Mantois ont lancé une campagne d’appel aux dons afin de combler le budget. Un, il s’agit de réunir 20.000 euros avant la fin du mois de mai. Deux, il s’agit d’envoyer un message au Front national pour lui signifier sa défaite. C’est également l’occasion de permettre l’accueil de centaines d’enfants à la rentrée prochaine.
On peut espérer que le monde du football professionnel ne restera pas insensible à cette action et que des joueurs, des dirigeants, des entraîneurs participeront à cet effort collectif. Le symbole serait fort de montrer ce que le football en particulier, le sport en général, peut générer de solidarité et de vouloir vivre ensemble et de lutte contre le racisme à l’heure où celle-ci est plus nécessaire que jamais
C’est un combat général. J’avoue un aspect plus personnel : quand j’étais adolescent, j’allais fréquemment supporter le FC Mantois, qui jouait déjà en CFA (troisième niveau à l’époque) et qui réussissait quelques exploits en coupe de France.