12.11.2024
Mistral pour Moscou : la position de Paris conforme aux intérêts de l’Europe
Presse
19 mars 2015
La France maintient sa position indépendante
« C’est une polémique essentiellement politique au sein de l’Alliance atlantique et qui a été montée en épingle au moment du sommet de l’Otan au Pays de Galles à l’automne 2014.
La position indépendante de la France lui permet de conduire une politique étrangère en fonction de ses intérêts propres, et de sa volonté de construire une Europe démocratique solide.
Les plus grands alliés européens commercent avec la Russie (Allemagne avec le gaz, Royaume-Uni avec des accords sur des composants sensibles) et il est facile de montrer du doigt la France quand on veut qu’elle accepte sans discuter un communiqué final le plus souvent conforme aux intérêts du plus grand allié.
Le président a laissé passer les premiers créneaux possibles de livraison à la Russie des BPC avant que la situation en Ukraine ne devienne ce qu’elle est. En particulier, il a fixé des conditions politiques sur ce sujet et il ne peut revenir en arrière. Le pari de la stabilisation en Ukraine a visiblement échoué et il est désormais conforme aux intérêts de la France de faire position commune avec ses partenaires européens, l’Allemagne en tout premier. »
Une éventuelle vente des navires à Washington serait insensée
« L’hypothèse que la France vend les navires aux Etats-Unis à la place de Moscou n’a pas de sens. Le BPC est un bâtiment polyvalent dont la France s’est dotée. La marine américaine dispose de trente navires modernes pour remplir les missions. Compte tenu du gigantisme des armées américaines, ces dernières préfèrent avoir des flottes dédiées et non polyvalentes, on l’a vu avec le contrat des tankers et le match entre Boeing et Airbus.
L’industrie de défense française dispose d’un avantage qualitatif majeur car elle possède les capacités d’intégrateur de systèmes très complexes dans l’aéronautique, l’espace et le naval.
L’industrie navale militaire française est la seule dans le monde avec les Etats-Unis à réaliser des porte-avions à propulsion nucléaire, des sous-marins nucléaires lanceurs de missiles stratégiques français et des sous-marins nucléaires d’attaque qui comporte des millions de lignes de calcul pour l’intégration des systèmes embarqués. Mais il n’est pas question de les exporter, y compris au sein de l’Alliance.
Cette industrie est donc confrontée à une compétition commerciale à l’exportation, indispensable pour un équilibre économique. Les concurrents sont nombreux, les marines clientes ont rarement le niveau de qualification technologique de la marine française et les coûts de fabrication sont souvent inférieurs aux coûts de main d’œuvre en France.
La crédibilité à l’exportation n’a pas de sens. Nous sommes dans un marché de la demande, une demande d’Etat. Chaque Etat se détermine en fonction de ses besoins et chaque contrat d’armement est unique. La crédibilité ne se joue donc pas sur la concurrence mais sur la fiabilité d’exécution du contrat et bien souvent des contrats d’armement précédents. »