ANALYSES

Pas de choc de civilisation mais une guerre contre le fanatisme

Presse
19 janvier 2015
Comment expliquer la flambée anti-française dans plusieurs pays musulmans ?
Comme dans les précédentes affaires des caricatures de Mahomet, les manifestations sont suscitées par l’émotion. L’interprétation de ce qui est permis est différente chez les musulmans et chez les Occidentaux et on pouvait s’attendre à ce que la nouvelle caricature de Mahomet provoque de l’indignation.

On est donc dans une vraie spontanéité ?
Ce n’est pas parce que toutes les horloges indiquent la même heure qu’il faut soupçonner un complot des horloges ! Certes, les Saoudiens financent des mosquées et certes, les autorités locales ont laissé faire alors qu’il n’est pas facile de manifester dans la plupart de ces pays. Mais je ne crois pas à un ordre venu de Ryad ou d’ailleurs.

Les manifestants n’acceptent pas qu’on caricature le prophète, c’est tout. Avec internet la communication est instantanée et l’émotion aussi. On est à l’époque de la mondialisation !

S’agit-il d’un choc de civilisations ?
Je n’accepte pas ce concept qui nous fait désigner l’autre comme un ennemi. Je constate que les manifestations, si elles ont été violentes, n’ont pas été massives et n’ont réuni que quelques milliers de personnes à l’échelle mondiale. Nous ne vivons pas un choc de civilisations mais une guerre contre le fanatisme. Le président Hollande a rappelé que les musulmans sont les premières et les plus nombreuses victimes du terrorisme !

La France est dans le viseur. Doit-elle modifier sa politique extérieure ?
La France est au Mali et en Centrafrique et elle envoie des avions en Irak. Elle intervient contre le terrorisme, à la demande des pays concernés. Elle n’a pas de raison de changer de politique. En 2003, elle avait refusé de suivre Bush et Blair en Irak, et elle avait bien fait, puisque cette guerre a développé le terrorisme au lieu de le combattre. Les Kouachi se sont radicalisés après l’invasion de l’Irak ! Mais ce constat ne veut pas dire que nous ne devons pas intervenir aujourd’hui, dans un tout autre contexte, que même la Russie prend en compte.

Cela dit, il faut faire très attention aux formes que revêt une action militaire. Toute frappe contre des civils serait contre-productive.
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