27.11.2024
Le Proche-Orient suspendu à la décision de la France
Presse
29 novembre 2014
S’agissant d’Israël, « c’est un signal clair de réprobation de la stratégie de statu quo qui consiste à gagner du temps dans la politique de colonisation », analyse l’auteur de Comprendre le Moyen-Orient. « Et c’est un message fort puisqu’il ne vient pas des milieux diplomatiques, mais bien directement des représentants du peuple », ajoute-t-il. Ce n’est donc pas du tout un hasard si celui-ci intervient seulement quelques mois après l’opération « Protective Edge » à Gaza.
Adressé ensuite aux Palestiniens, le message envoyé est celui de « la reconnaissance du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », argumente M. Nabli. « C’est un moyen de soutenir l’autorité palestinienne et la stratégie de Mahmoud Abbas », ajoute-t-il.
Enfin, le vote de cette résolution serait également un moyen de pression politique sur l’exécutif français. En effet, même si en dernier recours c’est au président Hollande qu’incombe le droit de décider de cette reconnaissance ou non, il faut toutefois noter « que les soutiens en faveur de l’adoption de ce texte se trouvent parmi la majorité parlementaire », note l’expert. Et alors que la position de l’exécutif semble confuse, celle des parlementaires de gauche est tout à fait claire : soutient total et unanime. « C’est la première fois que l’ensemble de la gauche (PS, communistes, Verts etc.) tombe d’accord sur un même texte », précise M. Nabli. « Pourtant, jusqu’aux années 1980, le PS revendiquait un attachement particulier à Israël », rappelle-t-il. Cela apparaît donc comme un véritable retournement de situation.
À ce propos, l’expert souligne qu’il ne faut pas minimiser les tactiques électorales qui ont motivé le choix des acteurs. « Une bonne partie de l’électorat de gauche avait été choquée par les propos extrêmement partiels de François Hollande au moment du dernier conflit à Gaza », avance M. Nabli. « Il y a donc une volonté de reconquérir l’électorat de gauche, de regagner les élections dans certains quartiers populaires », ajoute-t-il.
Enfin, s’il considère que la résolution devrait être adoptée, il insiste sur le silence des partis de droite, en rupture avec la ligne gaulliste, et sur l’absence de possibles sanctions accompagnant cette résolution, qui permettraient pourtant d’accélérer la dynamique…
Et permettre à un peuple meurtri et maudit de concrétiser une part, aussi infime soit-elle, de son rêve…