27.12.2024
États-Unis : « Après le revers des Midterms, Obama montre qu’il faut encore compter sur son action politique »
Presse
20 novembre 2014
Pourquoi Barack Obama choisit-il le dossier de l’immigration pour «passer en force»?
Barack Obama a toujours affiché, du moins dans la rhétorique, l’immigration comme priorité. Mais concrètement, dans les deux premières années de son premier mandat, quand il avait le Congrès de son côté, il a favorisé l’Obamacare, qui a épuisé son crédit politique. Après sa réélection, il avait fait de ce dossier l’une de ses priorités, mais le projet de réforme du système d’immigration américain a échoué au Congrès en 2013. Le président américain avait alors souligné qu’il était président et pas «empereur des Etats-Unis», qu’il avait des pouvoirs limités et qu’il devait de ce fait composer avec le Congrès.
Aujourd’hui, on a enfin un Barack Obama libéral, avec un côté «Je fais ce que je veux, je suis le président», ce que l’on n’a jamais eu auparavant. Ce qui est paradoxal, c’est qu’il le devient quand il n’a plus les moyens de l’être: les Républicains sont désormais majoritaires à la Chambre des représentants comme au Sénat. Mais il est vrai que, quand il avait le Congrès de son côté, il était dans une logique de réélection, et devait éviter de froisser l’électorat conservateur et indépendant.
Comment expliquer ce revirement?
L’explication est politique. S’il choisit d’agir maintenant, c’est parce qu’il y a urgence: le nouveau Congrès sera installé en janvier. Et, après le revers des élections de mi-mandat («Midterms»), c’est une façon de montrer qu’il ne compte pas être mis sur la touche pour la fin de son mandat, qu’il a conservé son pouvoir et qu’il faut encore compter sur son action politique.
De plus, en agissant par décrets, Obama force les républicains à se radicaliser, à aller encore plus vers leur aile droite. Cela peut les faire apparaître comme «hostiles», certains élus de l’aile conservatrice ayant déjà menacé de ne pas voter la prochaine loi de finances pour bloquer toute initiative présidentielle, au risque de provoquer un nouveau «shutdown» de l’administration.
Enfin, Obama doit aussi considérer que son héritage politique est en construction. Et la régularisation de trois à cinq millions de personnes -ce qu’aucun autre président n’a fait avant lui- peut être perçue comme un bon legs.
Parmi les quelque 11 millions de clandestins aux États-Unis, une grande partie sont Mexicains. Est-ce un appel du pied à l’électorat hispanique pour la prochaine présidentielle?
Tout à fait. Cette démarche peut aussi s’inscrire dans une logique électoraliste, car la communauté hispanique est un électorat essentiel pour 2016. On sait que lors des Midterms, les démocrates ont aussi perdu parce que les minorités ne sont pas allées voter. Ce sera sans doute un facteur à surveiller lors de la présidentielle de 2016.