Réchauffement climatique : une pédagogie à revoir
La publication de la synthèse du cinquième rapport du GIEC intervenue dimanche 2 novembre à Copenhague réaffirme une nouvelle fois, si besoin était, le caractère préoccupant des évolutions du climat terrestre. La concentration de CO2 dans l’atmosphère serait à son maximum depuis 800.000 ans, comme le degré de certitude des scientifiques (95%) quant à la responsabilité anthropique dans le réchauffement planétaire.
Si le diagnostic n’est aujourd’hui plus contesté que de façon marginale, insister sur les chiffres qui le représentent (hausse des températures de 4,8°C selon le scénario le plus pessimiste) n’est pas une stratégie efficace.
L’interpellation des sociétés modernes et de leurs dirigeants via un message anxiogène et culpabilisant remettant en question, pour une grande partie, leur mode de vie, n’a guère de chance de fonctionner.
L’évocation de statistiques ou de chiffres parfois abscons peut même, a contrario, conduire à un phénomène de lassitude et de « décrédibilisation », d’autant plus lorsque ce genre d’avertissement est répété chaque année à l’approche des COP (Convention cadre pour le climat) – donc depuis vingt ans.
Le fait qu’il s’agisse d’une problématique dont les effets demeurent encore difficilement perceptibles pour l’immense majorité des habitants de la planète constitue un autre obstacle au développement et à la mise en œuvre de politiques ambitieuses de lutte contre les causes profondes du dérèglement climatique, perçus comme contraignantes.
Ce ressenti, compréhensible, est principalement lié au fait que seuls les descendants des populations qui choisiront de les adopter jouiront de leurs effets bénéfiques. Pour contourner cela, il est nécessaire de réfléchir à une manière plus appropriée de diffuser les conclusions du GIEC en lien avec la vie quotidienne ou décrivant les impacts sur les activités économiques (pêche, tourisme, agriculture en lien avec la disponibilité en eau ou à la disparition de services écosystémiques, conséquences sanitaires, etc.).
Ces éléments plus concrets, pourtant présents dans les rapports[1], ne sont pas suffisamment visibles ni accessibles et doivent être davantage mis en valeur dans la communication de l’organisation.
« Nous avons besoin de la volonté d’évoluer, qui nous l’espérons, sera motivée par la connaissance et par la compréhension de la science des changements climatiques », déclarait, dans le communiqué publié à l’occasion de la présentation du rapport, Monsieur Pachauri, président du GIEC.
Il ajoutait que « La justification scientifique de la priorité à accorder aux mesures de lutte contre l’évolution du climat est plus claire que jamais ». Sans être totalement erronées, ces affirmations ratent leur cible, car elles partent du principe que l’argument scientifique et le halo de rationalité qui l’auréole gouvernent le politique et/ou l’économique[2].
Ce genre d’affirmation fait montre de la négligence réservée à la notion d’ »acceptabilité » (issue des analyses coûts/bénéfices) qui tente de déterminer quand et pourquoi une communauté accepte une décision, pourtant centrale dans ce débat.
À moins d’un mois de la prochaine conférence des parties (COP20), il est également préoccupant de constater que la COP21 phagocyte le débat.
L’accent mis sur la conférence de Paris en 2015, compréhensible dans notre pays, a pour principal effet de minimiser le rôle de celle qui se tiendra au Pérou du 1er au 12 décembre 2014.
L’organisation des COP se fait normalement en triptyque (celui en cours concerne les COP 19, 20 et 21) et il faudrait que la France apparaisse plus en soutien de son partenaire péruvien.
[1] Rapport du groupe II Changement climatiques 2014. Incidences, adaptation, vulnérabilités, mars 2014.
[2] En matière climatique, cela n’a jamais été aussi faux. Rappelons que, au mépris du bon sens, nous reconstruisons chaque année des logements en zones inondables.