19.12.2024
UE ou Otan ?
Presse
30 juin 2010
Quand une intervention militaire semble s’esquisser dans une région du monde, quels sont les critères qui incitent à choisir entre l’Union européenne (UE) et l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ?
Une tension
Une réponse de bon sens serait: cela dépend des moyens à mobiliser. Ce qui revient à rappeler que les moyens de l’UE sont inférieurs à ceux de l’OTAN. Pas si simple: 21 des 28 membres de l’OTAN sont des pays membres de l’UE à 27. En outre, ce sont les Etats qui possèdent les capacités mais ce sont souvent les organisations internationales – UE, OTAN voire ONU – qui prétendent s’en servir. Et ce sont bien les Etats qui font – ou ne font pas – le choix de confier leurs moyens à une organisation ou une autre. Les Etats paient les hommes et leur armement mais ils doivent aussi assumer les blessés et les morts. Il s’agit d’une prise de risque qui ne se fait pas à la légère. Les Etats peuvent aussi refuser d’engager une dépense, particulièrement en situation de crise économique. Résultat, les forces et les faiblesses des Etats se retrouvent de facto dans les organisations qui les sollicitent. Le problème des organisations internationales devient bien de générer des forces, c’est à dire de se faire attribuer par les Etats une part de leurs moyens.
Si l’Union européenne a utilisé les moyens de l’OTAN dans le cadre de l’accord “Berlin +”, l’UE a mis en oeuvre récemment plusieurs opérations sans y faire recours, notamment en Afrique.
L’acceptabilité politique
Dans les conflits où l’UE intervient sans l’OTAN, le critère de décision est notamment l’acceptabilité de l’UE par les autorités de la zone concernée. L’image de l’UE auprès des opinions n’est pas celle de l’OTAN, et réciproquement. Aux limites capacitaires et économiques des pays membres vient donc s’ajouter la prise en compte de l’acceptabilité politique d’une organisation ou d’une autre.
En fait, on a parfois recours aux moyens de l’OTAN davantage pour des raisons politiques que capacitaires. Pourquoi ? Parce qu’on cherche à conserver un canal à activer entre l’OTAN et l’UE, un sujet “pour se parler”. Certes, les comités militaires de ces deux organisations se rencontrent régulièrement, mais il n’y a pas tant d’objets que cela à mettre sur la table.
Avant le traité de Lisbonne, seule l’OTAN était juridiquement fondée à intervenir sur le territoire de l’UE. Depuis le traité de Lisbonne, via le devoir d’aide et d’assistance, l’UE se donne les moyens juridiques de venir en aide à un pays membre de l’UE en difficulté.