«Le football ne change pas à lui tout seul la face de la planète mais c’est un outil d’ouverture sur les autres»
La Coupe du monde est en effet l’événement le plus global, qui incarne le mieux la mondialisation. Tous les quatre ans, les yeux sont rivés sur la compétition, toutes les nations, qu’elles soient qualifiées ou éliminées, se sentent concernées. Il y a non seulement des implications évidemment sportives, mais également économiques. Cette médiatisation extrême a également des répercussions sur les relations internationales et l’idée que chaque peuple se fait de sa propre nation. L’équipe nationale de football devient l’ambassadeur de son pays. Cela crée un moment d’union nationale car clivages sociaux, religieux, ethniques, générationnels, sont effacés derrière le soutien à l’équipe nationale. La télévision crée un stade où chacun peut prendre place et soutenir son équipe. A partir de là, il ne faut pas tomber dans l’excès de penser que le football à lui seul peut modifier les rapports de force ou changer la face de la planète. C’est un outil, un instrument d’ouverture sur les autres, de connaissance de ce qui se passe à l’étranger. Il permet à des pays peu puissants de se mettre en valeur. Sur la ligne de départ, tout le monde est a priori égal.
La Coupe du monde en Afrique du Sud a été un pari. Ce pari a été gagné. La compétition s’est bien passée, les infrastructures étaient au rendez-vous. Il n’y a pas eu de violence contrairement aux craintes de certains, et cela a permis à l’Afrique du Sud de montrer combien elle était un pays moderne. Au-delà de l’Afrique du Sud, c’est un pari réussi pour l’ensemble du continent africain. La FIFA a fait un geste courageux de donner l’organisation de la Coupe du monde à un pays africain pour bien montrer que l’Afrique n’était pas le continent oublié de la mondialisation. Là encore, la seule tenue de la Coupe du monde ne va pas résoudre tous les problèmes de développement de l’Afrique et il est certain par ailleurs que l’Afrique du Sud est un pays un peu particulier dans le continent africain, mais en tous les cas au final, cette Coupe du monde est une victoire pour des afro-optimistes sur les afro-pessimistes.
Je ne qualifierai pas la présence de joueurs africains en France, en Europe, comme une forme détournée de la colonisation. Ces joueurs viennent volontairement tenter leur chance. Certains réussissent, pas tous. Cela n’est que le reflet de l’écart de richesse entre le continent européen et le continent africain. Le football en espèce, est le reflet de la réalité. Il ne vient pas la créer. L’attachement des grandes vedettes africaines évoluant dans des clubs européens à leur équipe nationale, montre par ailleurs que l’argent n’est pas tout, ces joueurs manifestent un attachement profond au maillot de leur pays alors que leur fortune vient de leur club. Tant que le football européen sera plus riche, notamment grâce à l’exposition de la Champion’s League, il est certain que les grands joueurs des autres continents viendront évoluer dans des championnats plus visibles et plus compétitifs.
L’exposition de la ligue 1 n’est pas encore tout à fait satisfaisante si on la compare avec les championnats anglais et espagnol, mais un progrès réel a été fait. Il est certain que les grands sportifs que sont les footballeurs ont un impact sur l’image du pays à condition bien sûr que leur comportement soit exemplaire et qu’il puissent montrer qu’au-delà de leurs qualités de footballeurs, ils sont également des citoyens. La célébrité crée des obligations