ANALYSES

«De fortes chances qu’Al Qaïda au Maghreb islamique soit derrière»

Presse
16 septembre 2010
Philippe Hugon - Le Parisien

Philippe Hugon est directeur de recherches à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Il confirme que la branche maghrébine d’Al-Qaïda pourrait bien être impliquée dans l’enlèvement de sept étrangers – dont cinq Français – au Niger.


Qui pourrait être à l’origine de ces enlèvements ?

Il est trop tôt pour affirmer qui est responsable et pour quelle raison, car personne, pour l’instant, n’a revendiqué ces enlèvements. Il y a toutefois de fortes probabilités qu’ils soient l’oeuvre d’Aqmi, la branche armée d’Al Qaïda au Maghreb islamique. Le mouvement avait menacé la France de représailles après le raid qui avait tué sept de ses combattants il y a deux mois. Aqmi avait également revendiqué l’assassinat de l’otage français Michel Germaneau, enlevé en avril et exécuté en juillet. Mais il faut rester prudent, car d’autres forces pourraient être derrière ces enlèvements, notamment les rebelles Touaregs qui sévissent dans la région.


Al Qaïda au Maghreb islamique est un groupe terroriste récent. Qui sont-ils et comment s’organisent-ils ?

Aqmi est un mouvement terroriste en pleine expansion soutenu par Al Qaïda et composé d’environ 500 personnes, issues pour la plupart des anciens mouvements salafistes d’Algérie [NDLR : branche fondamentaliste qui prône un retour à l’islam des origines par le djihad, la guerre sainte]. C’est un mouvement complexe, composé de nombreux groupes très différents. Ils sont implantés sur un territoire très vaste, dans le sud de l’Algérie principalement, mais aussi dans la région du Sahel qui comprend des pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger ou la Mauritanie. Il est donc difficile de dire si leurs motivations sont financières ou idéologiques. Parfois, elles se rejoignent, car l’argent obtenu par les rançons sert à acheter des armes pour appliquer l’idéologie.


Quelles pourraient être les motivations des rebelles Touaregs ?

Les Touaregs du nord sont l’un des nombreux mouvements autonomistes actifs au Niger. Etant donné que les enlèvements concernent des employés d’Areva [NDLR : numéro un du nucléaire], cette piste n’est pas encore à écarter. Le gouvernement avait accusé Areva de financer les Touaregs pour avoir la tranquillité dans la région et ainsi obtenir des contrats. Suite à cette accusation, Areva a rompu toutes ses relations avec les Touaregs, et a nié les accusations du Niger. Les Touaregs pourraient donc chercher à se venger d’Areva et obtenir des fonds grâce aux rançons. Ces fonds leur permettraient de retrouver une influence politique qu’ils semblent avoir quelque peu perdu ces temps-ci. Mais même si cette piste n’est pas encore à écarter, l’hypothèse d’Al Qaïda au Maghreb est plus probable

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