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Corée du Nord : « Kim Jong-un sera bien l’héritier de Kim Jong-il »

Presse
29 septembre 2010
Olivier Guillard - TF1News

Même s’il n’a pas été officiellement désigné pour succéder à son père, les nouvelles fonctions de Kim Jong-un en font le futur numéro un du régime. Les explications d’Olivier Guillard, directeur de recherches à l’Institut des relations internationales et stratégiques.


Que signifie cette réunion du Parti des travailleurs de Corée du Nord, la première depuis bien longtemps et qui a été annoncée au dernier moment ?

En Corée du Nord, tous les événements, qu’ils soient politiques, militaires ou même familiaux, sont toujours annoncés au dernier moment, notamment pour l’extérieur. Tout se précipite ensuite en 24 ou 48 heures. Ce n’est donc pas une surprise sur ce point.

Visiblement, Kim Jong-il, dont la santé est déclinante depuis son accident cérébral en 2008, a probablement pris conscience que les perspectives à long terme étaient mauvaises pour lui, même s’il n’a que 68 ans. Il a dû être convaincu par son entourage et par les autres composantes du pouvoir (le Parti des Travailleurs, notamment son Politburo et sa Commission centrale militaire, et l’armée) qu’il devait préparer sa succession. Il a tout d’abord présenté les avant-projets de cette nouvelle architecture du pouvoir à  la Chine, où il s’est rendu au moins deux fois cet été. Il fallait ensuite labelliser les choses pour la nation, ainsi que pour l’extérieur. D’où cette première convention nationale du Parti des travailleurs depuis des lustres pour montrer au peuple qu’il fallait lancer des réformes nécessaires et qu’il fallait les avaliser. Kim Jong-il laisse ainsi entendre qu’il va falloir désormais résonner dans un environnement où il ne sera plus présent.  Il a donc présenté au Parti, au peuple et au monde celui qu’il destine à lui succéder, à savoir le dernier de ses trois fils, Kim Jong-un.


Que sait-on de Kim Jong-un ?

A vrai dire, pas grand-chose, sinon rien. Il a entre 27 et 29 ans, il ressemble un peu à son père physiquement et aurait un comportement ombrageux. Comme beaucoup de fils du pouvoir en Asie, il a effectué un stage d’études en Suisse, sans que personne ne sache qui il était vraiment. Pour l’anecdote, on sait qu’il aime les sushis, les hamburgers et la NBA, notamment les Chicago Bulls.

Contrairement à son père, qui avait bénéficié d’une quinzaine d’années pour se préparer à succéder  au sien, Kim Il-sung, le fondateur de la dynastie, Kim Jong-un n’a pas eu cette possibilité. Il n’a donc aucune expérience de l’exercice du pouvoir. Cette accélération du calendrier se fait donc par défaut, d’autant plus que la tradition veut que le successeur du père soit le premier enfant. Mais celui-ci s’est discrédité lui-même en fabriquant un faux-passeport pour se rendre à Disneyland au Japon. Quand au second, sa personnalité n’est pas assez ferme pour diriger un pays.


Que signifient les nouvelles fonctions reçues par Kim Jong-un ?

Le titre de général quatre étoiles est l’un des deux plus hauts niveaux de l’armée. Il se retrouve donc bombardé par décret à cette fonction sans y être réellement formé.  Ses nominations au Politburo et à sa Commission centrale militaire confirment qu’il sera le successeur probable de son père, même s’il n’a pas officiellement reçu le titre officiel d’héritier.

Le problème, c’est qu’il ne connaît personne dans les instances du régime et qu’il n’a aucune expérience. Il sera donc assisté de sa tante, Kim Kyoung-Hui, également promue général quatre étoiles, et du mari de cette dernière, Jang Song Thaek, numéro deux officieux du régime. Ils seront chargés de chaperonner Kim Jong-un pour exercer une sorte de régence collégiale, qui s’appuiera sur le Parti des travailleurs et le nouveau Politburo. Il faut en effet noter que plusieurs de ses membres ont aussi été renouvelés. Ces "nouveaux" sont des gens dignes de confiance pour la famille Kim. Cette réunion du Parti a vraiment mis en place la future architecture du pouvoir.


Quelle peut maintenant être la suite de la politique nord-coréenne ?

Les choses sont désormais mises en place au niveau politique pour passer à un nouveau chapitre, sans précipitation. Plusieurs dossiers peuvent ainsi être abordés à l’extérieur, notamment les mauvaises relations avec la Corée du Sud depuis l’affaire de la corvette torpillée au printemps dernier ainsi qu’un retour sur le dossier nucléaire et la reprise des négociations via le Groupe des 6 (Corée  du Sud, Etats-Unis, Russie, Chine, Corée du Nord, Japon). Certains nouveaux membres du Politburo ont en effet déjà traité le sujet. C’est donc un signal fort. Néanmoins, étant donné que le régime reste très isolé, on ne peut pas exclure qu’il décide de montrer ses muscles avec une nouvelle bravade, comme par exemple un tir de missile.

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