Brésil : les enjeux du scrutin présidentiel au Brésil
Les principaux enjeux sont d’ordre économique et diplomatique. Dans le fond, Dilma Rousseff et José Serra sont deux candidats authentiquement démocrates et respectant l’économie de marché. D’un point de vue économique, José Serra est plutôt favorable à un modèle de développement à la chinoise, en étant plus offensif sur l’export tandis que Dilma Rousseff, dans la continuité de Lula, favoriserait un développement économique à partir du marché intérieur, avec un rôle de l’État plus actif.
Côté diplomatie, Serra serait davantage pro-occidental, pro-européen et pro-américain, tandis que Rousseff recherche une voie plus autonome pour le Brésil, développant des alliances Sud-Sud, avec les pays arabes ou l’Afrique par exemple.
Le premier chantier est la réforme politique, ce que Lula n’a pas réussi à conduire. Le Brésil, État fédéral avec pouvoir présidentiel à l’américaine, a des institutions aux fondations instables. Il n’y a pas de partis majoritaires et tout fonctionne sur la base de coalitions assez molles entre petites formations politiques.
Le second chantier est de maintenir sur les rails un pays qui fonctionne plutôt bien aujourd’hui. Et ce n’est pas forcément évident. Le Brésil est par exemple devenu un producteur majeur de pétrole. La question est de savoir comment gérer cette manne.
Lula achève son second mandat avec 75 % de taux de satisfaction, ce qui ferait rêver bien des chefs d’État ! Avec lui, en huit ans, le Brésil a gagné des points en matière économique, sociale et diplomatique. Pilier de l’Organisation mondiale du commerce, reconnu dans le premier cercle des pays autour des membres permanents du conseil de sécurité, membre du G20, le Brésil a profité de l’augmentation des prix des matières premières pour financer sa politique sociale améliorant la scolarisation, le suivi médical et l’accès au confort des plus démunis. La consommation intérieure en a été tirée vers le haut. Avec un tel bilan, une telle popularité, on imagine mal que Lula se mette à la pêche à la ligne… Certains le verraient bien secrétaire général des Nations-Unies…