Accord Fatah-Hamas : « le printemps arabe redonne de l’espoir aux Palestiniens »
Didier Billion, directeur de publication à l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), est spécialiste du Proche-Orient.
Cet accord est un évènement extrêmement important, même s’il n’est évidemment pas certain qu’il débloque une situation très compliquée. C’est peut-être un début de réconciliation entre les deux frères ennemis. Sa portée politique est potentiellement très importante. D’ailleurs, les dirigeants israéliens, Benjamin Netanyahu en tête, ne s’y sont pas trompés. Dans leur bêtise politique, ils ont déjà décidé de mesures de rétorsions, notamment sur le reversement des taxes douanières qu’ils donnent aux Palestiniens. Leur argument est qu’ils se refusent à financer le Hamas, qu’ils considèrent comme une formation terroriste. On voit donc bien que le gouvernement israélien s’oppose à toute hypothèse de réactivation d’un processus de paix.
Plusieurs tentatives avaient déjà échoué depuis la séparation entre la Cisjordanie et la bande de Gaza en 2007. Cette fois, le Fatah et le Hamas ont décidé qu’il valait mieux dépasser leurs divergences, qui restent réelles. Un de leurs principaux objectifs, pour l’instant théorique, est une proclamation d’un état palestinien à l’ONU en septembre prochain. Dans cette perspective, le Hamas a pu craindre de se retrouver complètement marginalisé.
Cet accord arrive aussi dans le contexte très particulier des révoltes arabes. Elles touchent aussi les Palestiniens et leur redonnent de l’espoir, ce qui manquait fondamentalement au mouvement palestinien pour se réaffirmer dans d’éventuelles négociations.
Ces élections restent pour le moment un objectif à atteindre. La communauté internationale a toujours un certain nombre d’exigence vis-à-vis du Hamas : qu’il stoppe toute action militaire, qu’il reconnaisse l’état d’Israël et les accords signés antérieurement. La question est de savoir si ces exigences seront posées comme une condition pour dialoguer avec le Hamas.
Le Fatah juge nécessaire d’entamer ce travail en commun avec le Hamas, dans l’espoir que leur point de vue tende à se rapprocher. Il fait preuve d’un certain réalisme politique. Cet accord n’est pas une baguette magique, mais c’est l’espoir d’élections et du retour d’un rapport de force politique, sur le terrain, en face d’un gouvernement israélien qui se montre borné et autiste.
Il n’y a pas de réponse toute faite. Faut-il y voir une sorte de pression du Hamas sur le Fatah, une façon de lui signifier qu’il ne reniera aucune de ses positions ? Franchement, la question reste ouverte.