14.11.2024
Euro 2012 : marquer le coup sans boycotter
Presse
6 mai 2012
BOYCOTTER L’EURO en Ukraine reviendrait à oublier que la compétition lui a été accordée à l’époque de la « révolution orange », lorsque Ioulia Timochenko en était l’une des héroïnes avant de devenir Premier ministre. Aujourd’hui que ses adversaires politiques sont de retour au pouvoir, il faut soutenir Timochenko, sans oublier que ce n’est pas une icône de la démocratie non plus. Elle a tout de même été mêlée à des affaires troubles. Mais c’est bien de l’État de droit en Ukraine qu’il faut parler. Et l’Euro 2012 constitue un formidable vecteur, une caisse de résonance pour donner de la voix et ouvrir les yeux sur ce régime. Il faut en effet savoir tirer parti de ces grands événements internationaux pour pointer du doigt les défaillances objectives des pays organisateurs de telles manifestations. C’est naturellement le cas des sommets du G8, bien que la société civile en soit tenue physiquement à l’écart pour des raisons de sécurité. Mais c’est aussi le cas des Jeux olympiques ou des Coupes du monde, ces grands rassemblements sportifs qui traversent les sociétés et les clivages politiques.
EN CHINE, ceux qui voulaient boycotter les JO ne comprenaient pas que la population chinoise dans son ensemble était rassemblée derrière le régime dans une immense fierté. Au final, les JO ont permis à la Chine de s’ouvrir davantage sur l’extérieur et de montrer un visage si différent de celui des années 1980, avec davantage d’espaces de liberté et 500 millions d’internautes. Autrement dit, il faut accompagner ces événements pour contribuer à l’affaiblissement de l’emprise que les régimes ont sur leur population. Quant aux grandes fédérations sportives, elles aussi ont leur mot à dire. La FIA a eu tort de soutenir les autorités de Bahreïn en affirmant à la veille du grand prix de Formule 1 que tout allait bien dans l’émirat alors que la répression était d’une très grande brutalité à l’encontre des manifestants exigeant plus de démocratie. Mais Michel Platini a eu raison, au nom de l’UEFA, de demander des explications au gouvernement ukrainien sur le sort qui était réservé à Timochenko. On peut espérer d’ailleurs qu’il s’exprime plus ouvertement si rien n’a avancé sur ce dossier très sensible d’ici au début des matches, le 8 juin.